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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Luca Dupont-Spirio L'exubérance d'un musicien, le délire d'un éditeur. Dans cet Opus 3 paru en 1734 sans l'avis de Handel, John Walsh assemble à la diable des mouvements de concertos inédits : pages dansantes, sévères, champêtres, altières, qui s'enchaînent dans un joyeux désordre. Patchwork de plusieurs autres, chaque œuvre ou presque voit son instrumentation changer entre les morceaux ; à chaque tournant surgissent une couleur, un caractère nouveaux, comme dans une collection de Brandebourgeois involontaires. Hogwood le rationnel tentait d'y mettre un ordre, réunissant les pièces d'après leur nomenclature. La mosaïque de Walsh reste cependant plébiscitée, où la poésie de Gardiner respirait l'éther avec l'air des campagnes, quand Minkowski alternait accents farceurs et rugissement orchestral. Depuis un Marriner affable (Decca 1968), les instruments actuels se tenaient à distance. Reinhard Goebel les rappelle sans prendre de pincettes : « Je vois l'avenir de la musique orchestrale baroque entre les mains des ensembles modernes - le fétichisme de l'“instrument originel” a eu son heure de gloire. » Le nouveau directeur artistique des Berliner Barock Solisten aurait-il tourné la page écrite avec Musica Antiqua Köln ? Ses musiciens, membres des Philharmoniker joints à quelques spécialistes, affichent certes une virtuosité peu commune, un lustre inhabituel, auxquels le maître applique sa science incomparable de l'articulation et des formes anciennes. Les fugues acquièrent puissance et pureté, la gavotte du Concerto no 2 rit fièrement. Partout le même élan, la même perfection de la phrase : au point toutefois d'aplanir ce relief délicieusement irrégulier qui fait le charme de la partition. On reste ébloui par la flûte de Mathieu Dufour dans le no 3 , sans goûter au choc des saveurs et des sonorités - surtout quand le no 6 emploie pour la partie d'orgue un positif incolore. Certains apprécieront la morgue karajanes-que de telle cadence dans un mouvement lent -no 2 ; d'autres trouveront pauvre en contrastes une pâte sonore somptueuse. Signalons tout de même la présence en annexe de l'apocryphe no 4a, remplacé dès la seconde édition par la célèbre pièce pour hautbois dans la même tonalité de fa majeur. Peut-être ces Concerti grossi se prêtent-ils moins bien au jeu, par nature, que les plus formels Brandebourgeois ? Pour en juger, retour à ceux qu'enregistrait il y a deux ans la même équipe, grisants de tenue et d'agilité (cf. no 665). |
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