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Diapason # 681 (07- 08 /2019)
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Naïve
OP30584




Code-barres / Barcode : 709861305841

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Roger-Claude Travers
 

Donner vie aux airs vivaldiens antérieurs à l'influence napolitaine (1726 environ) signifie se priver de la pyrotechnie imposante comme des séductions mélodiques à jamais gravées dans la mémoire, pour s'abandonner à un affect vivement croqué, à peine soutenu par des cordes ou un continuo. L'exercice n'est donc pas le plus gratifiant. En confiance avec son partenaire Ottavio Dantone, qui connaît aussi bien son Rosso que sa chanteuse, Delphine Galou s'y risque pourtant, avec un bonheur qui s'intensifie à chaque écoute attentive aux paroles.
 

Le séjour vivaldien à la cour de Mantoue (vers 1720) est à l'honneur, avec trois airs de La Candace, trois de Tito Manlio et deux cantates pudiquement dénommées « de circonstance ». De pure flagornerie en réalité, et guère inspirantes. Miracle ! Dans O mie porpore più belle, célébrant la nomination d'un évêque, Galou serait presque sincère en accueillant le prélat avec une telle félicité. Cencic, savoureux lui aussi, en rajoutait en piété respectueuse un rien engoncée (avec Ornemente 99, Capriccio). Pour Qual in poggia dorata, cantate d'anniversaire avec deux parties de cors exigeantes, la noblesse de l'approche martiale de Dantone et le beau grain de voix épais et riche de Galou, qui y met tout son coeur, convainquent. De quoi combler la vanité du prince Philippe.


Certaines arie plaisent fugacement par leur délicate éloquence sentimentale, comme « Per dar pace alt uo dolore » ou « Care pupille », extraits inédits de La Candace. « Si, si bel volto » révèle une amoureuse éperdue plus tragique, là où Joyce DiDonato vaporeuse et joueuse marivaudait avec délice (dans l'Ercole dirigé par Biondi). Comparez « L'innocenza sfortunata » avec les versions de Stutzmann (pressée, presque fredonnante) et Hallenberg (agitée, réactive et inquiète). Delphine Galou prend son temps, ornemente et savoure la trame très nourrie orchestralement. Même vie et implication dans « E pur dolce » de Tito Manlio, jamais restitué avec une telle vérité. La palme revient pourtant à «Semplice non temer», air ambigu (et inédit) de La verità in cimento, où Damira exprime le contraire de ce qu'elle pense dans les teintes troubles de la palette, la fausseté et l'aigreur.

Une page résiste à notre contralto passionnée, la célèbre Cessate omai cessate, cantate tardive et donc inattendue dans un bouquet par ailleurs homogène. L'âme souffrante du jeune pâtre incarnée par Gérard Lesne débutant avait une sorte de pureté et d'innocence que ni Mingardo (plus Antigone que Filindo), ni Cencic (trop aristocratique) n'ont approchée. Fragile et mature à la fois, presque effrayée, malheureuse, Galou impressionne sans vraiment s'identifier au berger. Dans le registre transgressif, Anne Sofie von Otter reste la seule alternative possible : une reine folle et vénéneuse. Une Lady Macbeth.


 


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