Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
Analyste:
Gaëlle Le Dantec Cette édition Vivaldi permet une avancée certaine dans la connaissance du
compositeur vénitien, voire une bénédiction pour combattre certains clichés. La
parution de nouveaux titres est une fête et l'occasion, pour les derniers
réfractaires, de découvrir l'incroyable inventivité et la capacité de
renouvellement de cet auteur prolifique. Les volumes 59 et 60 convoquent de
nouveau avec bonheur l'Accademia Bizantina et Ottavio Dantone, à qui l'on doit
les réussites de Tito Manlio et Il Giustino (CHOC, Classica no
209), et la magnifique contralto Delphine Galou, éminents interprètes de ce
répertoire. Les deux volumes se complètent et se reflètent en un élégant
diptyque : l'un sacré, constitué de motets pour voix soliste et ensemble,
l'autre profane, réunissant airs d'opéra et cantates.
Du programme religieux, on retient tout particulièrement les motets
introductifs au Miserere, destinés à la Semaine Sainte, Filia
maestae Jerusalem RV 638et Non in pratis RV 641. Du
premier, l'air central « Sileant zephyri » mêle images bibliques et vers
arcadiens: rien de tel que le souffle du vent et les prairies gelées pour
stimuler l'imagination du peintre des Quatre Saisons. De même, dans le second
motet, dont Gérard Lesne avait signé, avec Fabio Biondi, une très belle version
(Virgin, 1991), l'évocation du martyre du Christ inspire à Vivaldi une musique
d'une pathétique tendresse. La frontière entre sacré et profane semble
définitivement perméable et permet aux interprètes de rivaliser de nuances, de
délicatesse et d'intensité expressive. L'album fait également entendre un
élégant Salve Regina RV 618, également enregistré par
Gérard Lesne, mais aussi Philippe Jaroussky (Erato), et un Regina Coeli RV
615 exubérant, chanté ici par le ténor Alessandro Giangrande, qui se
métamorphose volontiers en contre‑ténor pour les besoins de la partition.
L'hymne Deus
tuorum militum RV612 en duo avec hautbois paraît, en comparaison, un peu
plus systématique et anecdotique. Destiné à être joué lors des cérémonies de
l'Assomption de la Vierge à la Pietà, le Concerto pour violon RV 582,
interprété par Alessandro Tampieri, offre en revanche un pur moment de grâce en
son mouvement lent, éthéré et funambulesque.
Du volume profane,
entre cantate et opéra, le plaisir est dans le chant où se côtoient coloratura,
récits dramatiques, airs de colère et mélodies douces. Nous retrouvons Servilia
du Tito Manlio avec notamment l'air lumineux à deux flûtes « Andrò fida
esconsolata ». S'y ajoutent l'air d'Andronico d'Il Giustino, d'une
infinie suavité, et celui, plus brillant, de Damira,«Semplice non temer», issu
de La Verità in cimento, dans lequel Delphine Galou s'amuse à opposer les
registres comme elle joue des répétitions de « si » dans « Si, si bel volto, che
v’adoro » . Pour toute demande d'ordre sentimental, misons sur le charme de «
Care pupille », extrait de La Candace o siano il veri arnici RV 704.
Mais, s'il fallait ne retenir
qu'une oeuvre, ce serait la cantate Cessate, omai cessate, objet
de nombreux enregistrements (Scholl, Lesne, Von Otter), véritable tragédie
miniature avec puissants récits, air pathétique et tornade finale très « rock ».
Delphine Galou y triomphe et fait valoir un timbre décidément singulier.