Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Gaëtan Naulleau
Dès
leur premier disque ensemble en 2011 (Divertimento KV 563), Frank Peter
Zimmermann, Antoine Tamestit et Christian Poltéra ont porté le trio à cordes à
un degré de raffinement inouï, peut-être inédit. Un Diapason d'or saluait les
deux suivants (Beethoven) puis le quatrième (Hindemith-Schönberg). C'est bien la
première fois que des artistes de ce rang poursuivent ensemble un travail au si
long cours sur le trio à cordes, dont les Variations Goldberg portent les
nouveaux fruits. L'arrangement n'est pas le classique de Dmitri Sitkovetsky mais
celui de Zimmermann, Tamestit et Poltéra, curieux de suivre la partition de 1741
avec le minimum d'aménagements possible. Sitkovetsky, en 1985, empruntait un
chemin détourné : il s'avouait très influencé par l'album de Glenn Gould paru
quelques années plus tôt (rapports de tempo, échelle dynamique, hiérarchie
mobile des voix dans la polyphonie...). Il tenait du pianiste, mieux qu'une
inspiration, un atout déterminant : un parfait plan de route pour l'odyssée des
trente variations, avec des pauses, des sommets, des embardées, des pas de côté.
L'efficacité de la démarche ne faisait aucun doute dans l'enregistrement
princeps de 1985 (Sitkovetsky/Caussé/ Maisky, Orfeo), suivi par une bonne
quinzaine d'autres. L'élan rythmique masque un temps seulement la retenue d'un propos assez froid, parfois étriqué. La prédominance du détail fait oublier aux trois interprètes l'extravagante trajectoire des Variations Goldberg -quine sont pas un cahier de trente inventions. On aimerait parfois que le contrepoint soit un mouvement d'émulation ou de résistance entre deux personnalités, et non un jeu de formes. La dimension expansive de l'écriture pour clavier, dans l'une des oeuvres les plus idiomatiques de Bach, est aussi négligée. L'intensification des dernières variations devient un simple alignement. Le fossé que Bach inscrit entre la Toccata (Var. XXIX) et le Quodlibet, ce brusque retour à la terre après une progression euphorique, passe inaperçu au terme de ce parcours abstrait. |
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
Click either button for many other reviews