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Diapason # 681 (07- 08 /2019)
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BIS
BIS2347



Code-barres / Barcode : 7318599923475

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau
 

Dès leur premier disque ensemble en 2011 (Divertimento KV 563), Frank Peter Zimmermann, Antoine Tamestit et Christian Poltéra ont porté le trio à cordes à un degré de raffinement inouï, peut-être inédit. Un Diapason d'or saluait les deux suivants (Beethoven) puis le quatrième (Hindemith-Schönberg). C'est bien la première fois que des artistes de ce rang poursuivent ensemble un travail au si long cours sur le trio à cordes, dont les Variations Goldberg portent les nouveaux fruits. L'arrangement n'est pas le classique de Dmitri Sitkovetsky mais celui de Zimmermann, Tamestit et Poltéra, curieux de suivre la partition de 1741 avec le minimum d'aménagements possible. Sitkovetsky, en 1985, empruntait un chemin détourné : il s'avouait très influencé par l'album de Glenn Gould paru quelques années plus tôt (rapports de tempo, échelle dynamique, hiérarchie mobile des voix dans la polyphonie...). Il tenait du pianiste, mieux qu'une inspiration, un atout déterminant : un parfait plan de route pour l'odyssée des trente variations, avec des pauses, des sommets, des embardées, des pas de côté. L'efficacité de la démarche ne faisait aucun doute dans l'enregistrement princeps de 1985 (Sitkovetsky/Caussé/ Maisky, Orfeo), suivi par une bonne quinzaine d'autres.

Zimmermann, Tamestit et Poltéra reviennent à la partition de Bach avec une loupe. L'Aria intrigue : tout en timbres blancs, désincarnée et fragmentée, elle prépare l'auditeur au grand jeu formel de l'interprétation. L'allègement harmonieux du trait n'empêche pas sa variété. L'oreille est flattée en début de parcours par tant de finesse dans le brio (Var. VI).
 

L'élan rythmique masque un temps seulement la retenue d'un propos assez froid, parfois étriqué. La prédominance du détail fait oublier aux trois interprètes l'extravagante trajectoire des Variations Goldberg -quine sont pas un cahier de trente inventions. On aimerait parfois que le contrepoint soit un mouvement d'émulation ou de résistance entre deux personnalités, et non un jeu de formes.

La dimension expansive de l'écriture pour clavier, dans l'une des oeuvres les plus idiomatiques de Bach, est aussi négligée. L'intensification des dernières variations devient un simple alignement. Le fossé que Bach inscrit entre la Toccata (Var. XXIX) et le Quodlibet, ce brusque retour à la terre après une progression euphorique, passe inaperçu au terme de ce parcours abstrait.


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