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Diapason # 680 (06 /2019)
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Glossa
GCD922519




Code-barres / Barcode : 8424562225190

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Denis Morrier

Tous les grands violistes se sont un jour confrontés à la viola bastarda . Deux récitals éblouissants ont balisé la discographie : celui gravé en 1994 par une jeune virtuose belge, hélas trop tôt disparue, Sophie Watillon (Ligia) et le copieux double album de Roberto Gini en 2005 (Olive Music).

La nouvelle proposition s'en distingue par le travail organologique qui la fonde. Jusqu'alors, il était généralement admis que ce nom de viola bastarda ne désignait pas un instrument spécifique, mais plutôt un emploi de la viole, consistant à emprunter alternativement les diverses parties d'une polyphonie préexistante pour les orner de diminutions. Pourtant, Francesco Rognoni la désignait en 1620 comme « la Reine de tous les instruments ». Paolo Pandolfo en déduit qu'il faut distinguer l'instrument, qui existait effectivement, de la mention « alla bastarda », qualifiant un style particulier d'écriture, voire d'improvisation.

Il a donc fait reconstituer, avec le concours d'une éminente organologue bâloise (Kathrin Menzel) et d'un facteur de talent (Pierre Bohr), deux instruments pouvant incarner cette viole souveraine. On découvre dans les variations sur Doulce Mémoire et Jouissance vous donneray de Bonizzi, mais aussi dans la moins courue Toccata de Bassani, une grande viola bastarda , élaborée à partir de divers modèles italiens. Elle présente un accordage original, en quartes et en quintes, avec des cordes excédant de 9 cm la longueur usuelle : deux particularités qui lui permettent de couvrir la tessiture phénoménale (plus de quatre octaves) exigée par ces oeuvres.

Les autres compositions reviennent à une viole aux cordes plus courtes de 4 cm, accordée à l'ordinaire (en quartes avec une tierce au milieu), offrant une plus grande aisance pour les passaggi . Dotés, en dépit de leurs longueurs inhabituelles, de cordes en boyau nu (et non filetées de métal), les deux instruments possèdent une sonorité riche et soyeuse, homogène de l'extrême grave au suraigu.

Avec le soutien coloré de trois partenaires attentifs et inspirés, Paolo Pandolfo se joue avec brio des effroyables difficultés techniques de ces répertoires, souvent qualifiés « d'athlétiques ». Mais l'exploit s'oublie sous la délicatesse et la subtilité d'articulation que son archet cultive dans les diminutions suaves de Rognoni sur
Vestiva i colli . Les chansons et madrigaux, avant leur traitement ornemental, sont entonnés a cappella par La Pedrina. Ancor che col partire de Rore, où le soliste déploie par-dessus la polyphonie vocale les diminutions aériennes de Dalla Casa, est un sommet d'intensité expressive et poétique.


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