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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Jérémie Bigorie ANTONINI NOUS MET CHAOS Le désordre mental s'empare d'un Giardino Armonico plus virtuose et discipliné que jamais. Impossible de rendre compte des multiples références intellectuelles (d'Erasme à Deleuze) sur lesquelles s'échafaude ce programme, non plus que de la totalité de ses déclinaisons (vingt‑sept plages). Puisque concept il y a, disons que celui‑ci est pensé, et si la cohérence se voit parfois couchée sur le lit de Procuste (que vient faire la Déploration sur la mort d'Ockeghem de Josquin des Prés?), l’oreille est maintenue continûment en éveil; l'oeil aussi d'ailleurs: très beau livre‑disque qui prend soin d'expliciter et d'illustrer chaque morceau placé sous le signe de la folie, tour à tour positive (quand elle délivre l'âme de ses soucis) et négative (quand elle sert la guerre). En parallèle se dessine l'affranchissement progressif de la musique instrumentale, longtemps inféodée à la musique vocale: magnifiés par une opulente prise de son, les musiciens d'Il Giardino Armonico réunis en formation singulière (quatuor à cordes, cornets, orgue, clavecin, harpe, flûte, bassons), rivalisent de virtuosité dans ces musiques souvent expérimentales qui combinent moments acrobatiques dérivés de la tradition ornementale des madrigaux et motets, avec des passages improvisés dont les diminutions se réfèrent au renouveau du style vocal. S'y greffent d'autres éléments, tels le contrepoint issu de la canzone et des sections de danses en rythme ternaire. Giovanni Antonioni a ressorti sa flûte à bec pour une prestation claire et articulée, au besoin contredite par un petit glissando aux inflexions jazzy ou des chromatismes particulièrement expressifs (Gesualdo, Del Buono). Rien de plus imprévisibles que les escales ménagées par ce voyage: le goût pour la combinatoire cher à Dunstable et Baldwin se frotte au capriccio rhapsodique d'un Ruffo, le fracas de la Galliard Battaglia de Scheidt s'oppose au solennel dialogue antiphonique de telle ou telle sonate de Gabrieli. Une écoute en continu peut provoquer le tournis, mais on aime... à perdre la raison! |
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