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Diapason # 679 (05 /2019)
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RIC399




Code-barres / Barcode : 5400439003996

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Analyste: Denis Morrier
 

Deux ans après son admirable récital « Un cornetto a Roma », Lambert Colson est de retour dans la Ville Éternelle et pousse cette fois la porte de ses oratoires. Ces institutions, créées à la fin de la Renaissance, n'ont pas tardé à devenir le fer de lance de la Contre-Réforme. Des fidèles y prenaient part à des « exercices spirituels » où la musique tenait une place prépondérante, l'émotion devant stimuler l'édification.

Un répertoire original abonde alors : sa diversité de formes et de styles est résumée dans ce programme riche en inédits, articulé autour de cinq psaumes de pénitence anonymes (manuscrit de la Biblioteca Vallicellia-na). Leur stile recitativo expansif nous installe au théâtre plus qu'à l'église : ils regorgent de chromatismes, stravaganze harmoniques et autres effets rhétoriques. L'influence du style dramatique de Cavalieri (auteur de la Rappresentazione di Anima e di Corpo donnée à Rome en 1600) ne fait aucun doute.

Partagées entre une soprano et un ténor (poignant Domine ne in furore ), ces pièces hautes en couleur se déploient sur un continuo profus, avec lirone , luths et un instrument admirable : l'orgue renaissant de l'église muséale de Trevi. Marc Meisel, organiste imaginatif au toucher délicat, s'y distingue également dans un rutilant Cappriccio sopra re mi fa sol de Macque, au contrepoint erratique, empli de passaggi et de durezze. Ce pur « théâtre spirituel » abonde en pépites aux éclats chamarrés : une humble et fervente lauda strophique de Langa (Come ti veggio), un saisissant motet à quatre voix de Cifra, plus madrigalesque que liturgique (Emendemus in melius). Les allers-retours entre simplicité - voire candeur - et sophistication se révèlent toujours payants, par exemple quand une touchante canzonetta à trois voix de Quagliati se mêle aux savants madrigaux spirituels d'Anerio.

Lambert Colson s'est entouré d'une phalange de chanteurs et surtout d'instrumentistes hors pair. Il offre même une interprétation audacieuse du célèbre madrigal de Marenzio, Crudele acerba, qu'il dépouille de ses voix et de ses paroles pour mieux en souligner l'atmosphère funèbre, recueillie : cornets et saqueboutes se parent alors des couleurs du deuil, avec des clairs-obscurs dignes des plus émouvantes vanités baroques.


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