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Outil de traduction (Très approximatif) |
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Analyste: Philippe Venturini Comme les cantates de Bach, le cycle de sept cantates Membra Jesu Nostri (1680) suscite des interprétations variées. Les pionniers Ton Koopman (Erato, 1987) et John Eliot Gardiner (Archiv. 1989) optaient pour un choeur et un orchestre, suivis, entre autres, par Diego Fasolis (Naxos, 1994) et Masaaki Suzuki (Bis, 1998). René Jacobs (Harmonia Mundi, 1990), Konrad Junghänel (Harmonia Mundi, 2005) et Jos van Veldhoven (Channel Classics, 2005) choisissaient en revanche une lecture à une voix par partie, réduisant ainsi l'effectif vocal à un quintette (deux sopranos). C'est la voie empruntée par Philippe Pierlot, fidèle ainsi à son esthétique. Est également fidèle à son esthétique la splendeur du son, son épaisseur, sa densité, sa ductilité, revendiquées dès le premier accord et superbement restituées par les micros d'Aline Blondiau. Entre la contrebasse de Maggie Urquhart et les violons d'Enrico Gatti et Maïté Larburu s'ouvre un large éventail de couleurs ambrées et de subtiles nuances, généreusement distribuées par la quatuor de violes, le théorbe et l'orgue. La plénitude expressive et chromatique de chaque sonate (la Deuxième, «in tremulo») alerte les sens et prépare l'écoute de ses airs et ensembles qui célèbrent les sept plaies du Christ martyr en un dolorisme piétiste. Dans un tel cadre, les chanteurs, tous admirables, transmettent avec une saisissante justesse le message spirituel de chaque épisode, de la tourmente de « Salve Jesu, pastor bone » à la douce prière de « Dum me mori est necesse » (Carlos Mena, toujours en état de grâce). C'est par l'étonnante Cantate Gott, hilf mir! BuxWV34 que s'achève le programme du Ricercar Consort et s'ouvre celui de Vox Luminis et Masques, révélant ainsi des conceptions distinctes. Le premier ne craint pas de jouer des figuralismes comme ces vagues répétées de doubles croches agitant l'eau qui « arrive jusqu'à l'âme » du fidèle et suscite son effroi. Les seconds prennent leur distance avec ce théâtre sacré et se montrent plus posés. Malgré un ensemble vocal plus fourni (dix chanteurs), Vox Luminis travaille moins les contrastes dynamiques et dramatiques. L’évocation des tempêtes, de Satan, du tonnerre et de la foudre dans la deuxième strophe de Jesu, meine Freude comme les madrigalismes de la deuxième strophe de Herzlich lieb hab ich dich peuvent sembler un peu prudents, un peu lisses quand la musique cherche sans cesse à souligner le texte. Les enregistrements de Anima Eterna (Channel Classics, 1994), Cantus Cölln (Harmonia Mundi, 1997), La Capella Ducale (CPO, 2006) et l'intégrale de Ton Koopman (Challenge Classics). Il n'en demeure pas moins que la réalisation reste, comme à l'accoutumée, d'un rare niveau d'accomplisse-ment, d'une plasticité exemplaire. |
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