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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Gaëtan Naulleau Un premier album de cantates révélait en 1987 de profondes affinités entre le compositeur et Philippe Pierlot. Les Membra Jesu nostri, qui appellent, en plus des deux violons, un consort de violes pour l'une des sept cantates, semblaient taillés sur mesure pour son Ricercar Consort. Mais il aura patienté trente ans avant de se plonger dans ces visions partagées entre la poésie austère de Bernard de Clairvaux et les élans sensuels du Cantique des cantiques. Leur superposition culmine dans la Cantate VI (Ad cor), qui chante à la fois le coeur blessé par l'amour, et le flanc du Christ en croix percé par la lance. René Jacobs puis Les Voix Baroques, Cantus Cölln, le Purcell Quartet, la Nederlandse Bachvereniging et La Petite Bande ont tous montré ce qu'un effectif madrigalesque, sans choeur, peut offrir aux Membra Jesu nostri en termes d'équilibres avec le groupe instrumental, de plasticité, de déclamation et de continuité dans la méditation. Cinq chanteurs solistes permettent de pousser loin l'élégance et la variété du détail : en abuser est aussi un danger, et c'est la limite de la proposition supérieurement ouvragée et sentie de Pierlot. Il prend appui sur l’éloquence limpide de l'écriture, coulée par Buxtehude dans une forme homogène, pour nuancer partout l'expression et diversifier la trajectoire : le trio éthéré Ut te quaeram mente pura, les élans de tendresse pianissimo sur Ad ubera portabimini, l'appel urgent du Surge, amica mea, les clairs-obscurs cruels qui secouent le « choeur » Quid sunt plagae istae ou le ralenti sans fin des voix, quand elles s'évanouissent en prenant congé des douces mains ensanglantées (plage 19), exacerbent la dimension visionnaire de l'oeuvre. Côté « cuisine », avouons que l'appoint d'une contrebasse pour élargir l'image sonore des tutti n'est pas forcément un atout, et que les volutes serrées de théorbe, capté de près, troublent l'émotion plus souvent qu'elles ne la portent. La qualité de timbres (jumeaux) et les phrasés soutenus des deux sopranos sont un bonheur, sur lequel pèse peu le baryton appliqué de la Cantate VI. Carlos Mena, que nous admirons tant, nous laisse pour une fois partagé, entre des solos extrêmement touchants (pl. 11) et un dolorisme un peu trop pâmé (pl. 28). |
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