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Diapason # 679 (05 /2019)
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Analyste: Gaëtan Naulleau

 

Evgeni Koroliov, son ancienne élève Anna Vinnitskaya et épouse Ljupka Hadzi Georgieva nous livrent un curieux ensemble de dix concertos. Ceux à plusieurs claviers y figurent tous malgré les difficultés notables qu'ils présentent aux pianistes - David Fray et ses pairs n'en sortaient pas grandis il y a quelques mois. Mais seulement quatre concertos à clavier seul. L'absence des BWV 1054 (transcription du BWV1042 ) et BWV 1057 (d'après un Brandebourgeois ) peut se comprendre, pas celle du génial BWV 1053.

Curieux aussi, ce constat : celui qui nous captive dans les Goldberg, les Inventions et Le Clavier bien tempéré nous laisse absolument froid ici, même dans le génial BWV 10 52 en ré mineur, le plus propice au piano par sa variété de textures, donc de couleurs et sa dramaturgie conflictuelle. Mais Koroliov ne l'entend pas ainsi. Ses nuances dépassent rarement le mezzo forte. Ses prises de paroles à mi-voix dans le finale obligent l'orchestre à marmonner dans une écriture qui s'y prête peu. Le pianiste désamorce méthodiquement les ressorts du théâtre et recadre tous ses déséquilibres expressifs au profit d'une abstraction déroutante, dont les cordes ne seront qu'une toile de fond sans conséquence. On sait pourtant, depuis l'inoubliable Edwin Fischer (Emi) ou la rencontre de Mitropoulos avec Gould (nos indispensables), que l'oeuvre ne déploie tous ses reliefs qu'avec un orchestre rival. 

La prise de son est un gros problème. En éloignant un peu le(s) piano(s), en quête de rondeur, elle s'oblige à éloigner beaucoup la pauvre Kammerakademie de Potsdam. Hier admirable auprès de Pahud dans les concertos de Philipp Emanuel Bach (Warner), elle n'est plus qu'une ombre chétive. On devine à chaque instant l'attention des violons à ne pas empiéter sur la réserve formaliste du soliste. Qui devinerait, sans voir la photographie du livret, que deux contrebasses et trois violoncelles sont à l'oeuvre, à quelques mètres des pianos ? Le déséquilibre est grotesque dans le finale du mineur. Le problème se reconduit dans tous les tutti ombrageux du BWV 1060 et du BWV 1062, dominés par un piano prudent, à peine auréolé par un groupe de cordes dont l'oreille cherche les basses. Comment a-t-on pu en arriver là ? La réverbération de la Jesus Christus Kirche berlinoise posait-elle un problème insoluble pour un tel effectif ? 

Les textures des allegros en pâtissent moins dans le BWV 1055 : le jeu égal et svelte de Vinnitskaya flatte l'oreille (mais a-t-elle bien lu ma non tanto en tête du finale ?). Entre les deux, l'orchestre impuissant, prisonnier du mixage, ne peut pas ouvrir le Larghetto central en fa dièse mineur avec le grand pathétique attendu. Une lumière réjouissante perce enfin quand débute le BWV 1061 en do majeur. Sans surprise, car l'orchestre n'a aucun rôle structurant dans cette partition, sans doute étoffée par Bach à partir d'une version pour deux claviers seuls. Le volet central, difficile à tenir sur la longueur, est aussi le mouvement où l'épure anti-rhétorique de Koroliov, en symbiose avec Vinnitskaya, trouve sa meilleure expression. Phrases magnétisées par la ligne d'horizon, à peine ponctuées par les respirations - échos de L'Art de la fugue.


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