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Classica # 211 (04 / 2019)
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Analyste:  Gaëlle Le Dantec

Cavalli subjugue par la beauté de sa musique, aussi variée que sensuelle, notamment dans la fluidité de la ligne de chant: quelque chose de l'ordre de l'absolue vocalité, pulsation du coeur, maux de l'âme et écoulement de larmes.

Philippe Jaroussky a compulsé son catalogue lyrique pour présenter, à travers une sélection d'une vingtaine de récits, d'airs et de pages instru­mentales, sa richesse et sa diversité que semblent illustrer les costumes et les masques que le chanteur se plait à arborer sur les photos du livret. L’objectif n'est pourtant que partiel­lement atteint. Qu'on se rassure, la voix du contre‑ténor est toujours splendide, l'artiste plus qu'attachant, le récital globalement superbe, très habilement construit. Les duos avec Marie‑Nicole Lemieux dans le registre comique, (Linfea et Il satirino dans Calisto), ou amoureux avec Emöke Baràth (« O luci belle » d'Eritrea) valent de l'or.

Alors, trop sage ? Philippe Jaroussky reste toujours très émouvant dans l'expression éplorée «( Uscitemi dal cor, lagrime amare » d'Erismena), avance avec élégance mais non sans une certaine raideur qui finit par lisser et neutraliser les mouvements de la passion. L’ensemble instrumen­tal Artaserse a certes belle allure, mais il est parfois trop en retrait. On peut regretter que l'exubérance toute baroque et le théâtre soient restés en coulisses.

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