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Diapason # 677 (03 /2019)
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Ramée
RAM1808




Code-barres / Barcode : 4250128518086

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Denis Morrier

Cet album signalerait‑il l'émergence d'une nouvelle forme de revival ? Il fleure bon les années 1970, quand des ensembles, plus curieux d'exotiques anciennetés que d'interprétation historiquement informée (le concept n'existait pas encore), imaginaient des programmes hétéroclites où tout se mêlait allègrement, du médiéval au baroque. Que de souvenirs (nostalgiques) m'ont assailli en découvrant, quelque peu ébahi, la forme et le style de cet « Ossesso » ! Les vénérables réalisations des Musiciens de Provence, les extravagantes divagations de Herr Doktor René Clemencic... 

Ici, les premiers madrigaux de l’Ars nova florentine sont confrontés à leurs ultimes héritiers de la Renaissance, tandis que le crépuscule du Moyen Age (illustré par Amoroso de Guglielmo Ebreo) se confond avec l'aube du baroque naissant (Gia pansi nel dolore de Gesualdo, paré d'un improbable psaltérion se substituant à une voix manquante). Les barrières temporelles s'évanouissent tandis que les frontières s'évaporent : l'Espagne d'Alonso Mudarra voisine la Hongrie de Balint Bakfark, les Flamands (Willaert, Arcadelt) colonisent toute l'Italie (Canova, Galilei). 

Dans une acoustique outrageusement réverbérée, l'interprétation s'affranchit de considérations stylistiques pour s'inspirer (comme jadis le Clemencic Consort et récemment Graindelavoix) de pratiques plus folkloriques que traditionnelles. La voix de gorge (à la manière sarde) de la contralto flamande contraste avec le chant plus policé d'une soprano autrichienne et d'une basse catalane. De même, le Kanklès lituanien se mêle au psaltérion et aux divers luths et cistres de l'animatrice de l'ensemble, Floris De Rycker. 

Les humbles chansons frioulanes, comme Scjaraçule maraçule, immortalisée par Angelo Branduardi (encore les années 1970 !) se glissent entre des danses aristocratiques du XVe et les madrigaux les plus raffinés du XVIe, tel le Vorria morire de Waelrant, dont les versions « mieux informées » abondent: Paul O'Dette avait révélé dès 1985 que ce madrigal avait été « mis en tablature » pour quatre luths par Adriansen (« 3, 4 & 20 Lutes », Bis). 

Certes, ce cosmopolitisme intemporel sonne bien et divertit. Mais de tels répertoires n'appellent‑ils pas plus d'ambition que celle‑ci, et plus de distinction dans leur traitement ? La curieuse mixture se prolonge dans un texte de présentation (sur la question de l'obsession amoureuse menant au meurtre) qui confond ensemble les actes de Carlo Gesualdo et de Bertrand Can­tat, ou encore ceux de Bartolomeo Tromboncino, Phil Spector et Sid Vicious. Trop de raccourcis et d'associations abusives nuisent au goût et à l'intellect.


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