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Diapason # 677 (03 /2019)
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L'Encelade
ECL1801




Code-barres / Barcode : 3770008056152

Appréciation d'ensemble:

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Analyste:  Philippe Ramin

Continuiste remarquée dans les Sonates du rosaire de Biber avec l'ensemble Musica Alchemica (cf no 641), Anne Marie Dragosits met un point d'honneur à ajuster instrument et répertoire. Elle partageait son anthologie «  Italia » entre un clavecin Giusti, (1681) et une épinette de Veronensis (1564), et se mettait au clavier d'un Zentis (1658) pour un album Froberger.

La voici devant un Taskin peu enregistré, dont le jeu dit de «peau de buffle» atteste l'inventivité technique de la fin du XVIIIe siècle.

De Médée (Duphly) à Jupiter (Forqueray), du Tartare des Cyclopes (Rameau) aux Champs Elysées des Ombres errantes (Couperin), la claveciniste brosse un panorama extrêmement diversifié de cette antiquité fêtée à l'opéra comme dans la littérature de clavecin. L’étrangeté du jeu de buffle convient idéalement à l'Imagination préromantique d'un Royer (l'interprète s'y montre particulièrement inspirée), et le jeu de luth dessine avec délicatesse La Sensible (Royer) et Les Sourdines d'Armide (dans la transcription de d'Anglebert).

Si la prudence des Cyclopes, page brillante s'il en est, et de Jupiter trahit une mécanique instable, Dragosits déploie maints artifices pour en contourner les imperfections. Il est vrai que les ornements avortés ou imprécis peuvent être source de frustration mais la musicienne tourne en avantage cette fragilité d'élocution, en se souvenant sans doute du témoignage sur le jeu de Duphly, « une certaine mollesse qui, soutenue par des grâces, rend à merveille le caractère de plusieurs de ses pièces ». Et comme ces Grâces sont expressives et charmeuses !

Très à l'écoute des registres contrastés d'un instrument atypique, Dragosits tente des coloris qui font mouche la plupart du temps ‑ seul bémol pour des Ombres errantes (sur le quatre pieds) plus grimaçantes qu'envoûtantes. Un récital éminemment personnel. 


 

   

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