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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Ivan A. Alexandre Bonheur devenu rare de contempler l'oratorio à son zénith, fresque dont le XIXe siècle fit une messe, et qui résumait Handel à une époque où Alcina et Rodelinda dormaient encore. Plus que Samson ou Saul, les oeuvres martiales composées après le triomphe sanglant des Hanovre sur les Stuart en 1746 ont perdu la faveur des musiciens. Trop de fer, trop de cuivre, trop de «Mourons s'il faut mourir pour la Loi, la Religion, la Liberté! » Les interprètes n'osent plus. En 1976, Charles Mackerras (Archiv) fut le dernier à battre tambour sans vergogne. Depuis, Robert King (Hyperion), Nicholas McGegan (HM) et leurs dauphins lancent des javelots de mousse. Laurence Cummings aussi. Dès l'Ouverture la paix est déclarée. Les larmes sur la dépouille de Mattathias («Pleurez, enfants plongés dans la douleur») coulent comme le miel. La guerre de Judée n'aura pas lieu. Avouons qu'une telle lecture se défend. Oublions la force d'un récit qui d'ailleurs ne raconte rien et se borne à peindre le duc de Cumberland sous les traits du bouillant Judas (aucun rapport avec le traître à venir), vainqueur des Séleucides. Handel joue double jeu: s'il lâche ici ses troupes avec vigueur, il ne perd là aucune occasion de chanter la lumière, la nature, l'harmonie du monde. Festin de « tubes », Judas Maccabaeus accueille sans peine le ténor cristallin, élégant et toujours juvénile de Kenneth Tarver, la basse quasi bouffe de Joăo Fernandes, le soprano soubrettissimo (quel contre‑ré!) de la jeune Américaine Deanna Breiwick. Une mezzo absente et un choeur inégal pèsent peu face au petit mais remarquable orchestre du Festival de Göttingen et à la simple intelligence de son chef. Rien qui efface le quatuor assemblé jadis pour Johannes Somary (Harper, Watts, Young, ShirleyQuirk !), mais mieux qu'un rival du placide Robert King ‑ rangeons ailleurs les luxueux Mackerras et Somary, irrémédiablement datés. Deux post scripta. D'abord, pourquoi changer de disque après le récitatif du Messager plutôt qu'après le choeur « Hail, Judea » ? ‑ voix misérable, choix saugrenu. Ensuite, la compagnie enregistrée sur le vif le 10 mai dernier, l'avant‑veille d’Arminio, (cf. no 675), retient la partition originelle « amendée » de 1747, donc sans le choeur «See, the Conqu’ring Hero comes» ‑ prétexte à variations pour le jeune Beethoven, et entonné chaque dimanche dans les temples de France sur les paroles « À toi la gloire, ô Ressuscité ! ». À Göttingen, Cummings le donnait en bis, que l'album ignore. Les inconsolables iront le chercher dans l'oratorio Joshua par les mêmes interprètes chez le même éditeur, CD 2, plage 32. |
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