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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Gaëtan Naulleau Les quatre Livres pour clavecin (et les Concerts royaux joints au troisième), les sublimes Versets d'un motet composé sur ordre du roi , les Goûts réunis , les Leçons de ténèbres , puis les Apothéoses , les Pièces de viole l'an passé, les quatre Suites des Nations aujourd'hui : partagé entre Harmonia Mundi, Virgin, Decca et Aparté, le cycle Couperin de Christophe Rousset aligne tous les opus imprimés (et enjambe donc les deux messes pour orgue de jeunesse). Les Concerts royaux , cette fois dans leur habit chambriste, devraient bientôt couronner le tout. Après le ciselé sec des Apothéoses (2016, cf. no 650 ), ces Nations sont un soulagement. Le perfectionnisme bien connu de l'ensemble, cette discipline d'une diction aussi déterminée au violon et à la flûte qu'au clavecin, cette franchise dans le raffinement que Rousset s'impose autant en solo, retrouvent une respiration vivante. Mais sans gagner tout à fait l'ampleur du geste qui portait, en 2002, de splendides Goûts Réunis (Decca, Diapason d'or ). Ample, l'effectif l'est pourtant, avec deux hautbois, un basson et deux flûtes en plus des violons et du continuo. C'était en 1983 l'option de Jordi Savall (album inoubliable, Astrée), tandis que les ensembles de Sigiswald Kuijken (Accent) et Reinhard Goebel (Archiv) se passaient de hautbois et de basson. Des quatre équipes, la française est la plus policée. Aucun musicien ne risque de se détacher du groupe ou de porter ombrage à un partenaire, chacun sait tenir son rôle et ajuster le moindre détail de diction au cadre métrique. L'agilité collective des danseurs (hautbois compris, fantastiques) s'offre en modèle dans les courantes, leur muscle fait grande impression dans la Gigue lourrée . Quand le ton tourne au majestueux, c'est à l'écart de toute emphase ; s'il s'attendrit ( Sarabande de La Française ), c'est en prenant la tangente dans un registre évanescent, qui lui épargne tout sentimentalisme - ou du moins ce que le fier Rousset redoute comme tel. De François Couperin, il connaît tout. Puisse-t-il douter parfois, ou s'ouvrir aux doutes de ses partenaires et leur accorder l'indépendance harmonieuse que Savall cultivait en plaçant tête à tête, aux archets, deux natures aussi fortes et dissemblables que Monica Huggett et Chiara Banchini (la même Sarabande nous met à genoux). Le fruit de sa démarche prendrait le risque d'être imparfait, mais moins prévisible aussi (la Suite de La Piémontaise, en pilote automatique, aurait-elle été gravée un peu vite ?) et plus attachant que ces Nations soumises à leur propre élégance. |
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