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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Jean-Philippe Grosperrin Heureuse idée que de joindre à l'enregistrement audio la captation du spectacle versaillais qui en est la source, dans l'écrin du théâtre de Marie-Antoinette au Petit Trianon. Les décors et machines (garantis d'époque) sont le charme même, à commencer par la forêt en toiles peintes, mais leur dispensation parfois gratuite (la gloire de nuées pour l'ariette de Colette) trahit une pastorale qui tourne précisément le dos au décorum de cour, tandis que les importantes pantomimes que programme Rousseau sont évincées des premières scènes, comme l'échange hautement symbolique des rubans. Certes, on saisit mieux la valeur du Devin dans une performance scénique « historiquement informée » (bravo à Hubert Hazebroucq et à sa troupe de danseurs, d'un esprit si bien ajusté), mais le jeu des didascalies n'est joué qu'à moitié dans la régie de Caroline Mutel, dès ce début où la villageoise censément éplorée semble partir pour la foire de Bezons. Car pourquoi cette hâte à l'orchestre et ces basses bondissantes (comme partout) dans un air noté « lent et marqué » mais aussi « doux », d'autant plus privé de sentiment que la soprano l'expédie froidement ? Le vaudeville est donné à un tempo qui rend Colette ou Colas inintelligibles, et plus généralement, même si le long divertissement final est plus convaincant, l'attention est insuffisante aux caractères d'une musique plus ingénieuse qu'on ne croit. Que d'ornements soigneusement notés par Jean-Jacques, et qui se trouvent escamotés aux voix ! Frédéric Caton a tout, semble-t-il, pour le rôle-titre, mais le voici étrangement mal à l'aise, irrégulier, et même confus - comme les cinq voix du choeur. Plus inerte que monotone, incapable de grâce ou de sourire dans son ariette, avec un registre aigu pénible (« Colin m'aimait, Colin m'était fidèle »…), Caroline Mutel échoue à incarner une Colette plausible - souvenir charmant de Danielle Borst dans la version CBS de 1978, inédite en CD. Le déséquilibre est saillant avec la sensibilité sans fadeur (la Romance !), l'imagination, l'éloquence de Cyrille Dubois, acteur mobile dans son expression mais à bonne distance. C'est d'abord lui, et le spectacle, qui font le prix de cette publication, la plus recommandable sur instruments anciens d'un opéra fragile et capital. |
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