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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Gaëtan Naulleau Il semblerait que le disque n'y soit jamais parvenu - un classique des changements de distributeur. Sa réédition à prix doux, mais en CD et non plus en SACD, nous invite à rattraper le train, trop heureux de distinguer un bijou sans égal dans une galerie discographique souvent satisfaisante, rarement passionnante. De la même façon que les songs de Purcell voient bien souvent leurs interprètes se laisser porter, à la surface du texte musical, par la diversité et la sensibilité prégnante du trait, le premier de ses deux cahiers de sonates (1683) n'avait jamais connu les raffinements de texture et de lecture dont nous régalent Sophie Gent et Matthew Truscott aux violons, Jonathan Manson à la viole et Matthew Halls passant de l'orgue au clavecin. Jusqu'ici, la simplicité emportait la mise. Celle des partenaires de Christopher Hogwood, incomparables pour aller à l'essentiel de la façon la plus élégante possible (L'Oiseau-Lyre, 1994), et celle du London Baroque (HM, 1993), d'une franchise un peu plus rugueuse dans ces douze sonates où Purcell, à vingt-quatre ans, s'ingénie à « bien imiter les plus illustres maîtres italiens, pour répandre le goût du sérieux et de la gravité d'une telle musique parmi nos compatriotes » (préface de 1683). Deux propositions admirables. Mais aurons-nous vraiment le coeur à y revenir après les voluptés et les rêveries de Retrospect, après cette « gravité » empreinte de mystère, après ce « sérieux » compatible avec les arabesques les plus joueuses (plage 6, mise en scène divine du contrepoint), après ces chuchotements (projeter loin devant une phrase pianissimo : tout un art) et ces vertiges qui affleurent soudain avant de replonger sous la ligne ?
Sophie Gent et sa
bande lisent dans le kaléidoscope de 1683 (61 plages pour une heure et quart !),
la continuation des fantaisies pour violes de 1680, au contrepoint lunatique et
souvent capricieux, plutôt qu'un miroir anglais posé devant le classicisme
corellien. Rien ne pèse sous ces archets toujours à l'écoute des harmonies de
Purcell, de leurs détours suaves ou amers, qui entrouvrent cent fenêtres sur nos
mélancolies et les referment d'une caresse. |
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