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Diapason # 675 (01 /2019)
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Aeolus
AE10154  
Hortus
Code-barres / Barcode : 4026798101541

 

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Analyste: Paul de Louit
 

Deux interprètes de L'Art de la fugue , de deux générations, partagent la conviction que c'est une oeuvre achevée. Comment l'entendent-ils ? Pour Bob Van Asperen, arguant des sources, l'oeuvre se clôt sur le triple Contrapunctus XI , la fameuse fugue inachevée n'en faisant pas partie (il l'écarte de son album). Pour Vincent Grappy, qui reprend la thèse d'Indra Hughes, l'inachèvement est volontaire, un défi à la postérité ; la fameuse mention manuscrite « après avoir inscrit le nom BACH dans le contre-sujet, le compositeur est décédé » serait la final touch de ce canular olographe, d'un Cantor qu'on ne pensait pas si farceur. L'organiste blésois, dans ce mouvement maintes fois « complété », opte pour la réalisation de Davitt Moroney. Sur l'orgue de Saint-Benoît-sur-Loire, curieuse création italianisante et un tantinet gueularde des années 1980, Grappy cisèle les canons (très réussis), intériorise un émouvant Contrapunctus I , onumentalise le Contrapunctus XI (2' de plus que Van Asperen !) et la Fuga a 3 soggetti . Parfois, on le voudrait moins amène, plus incisif : dans le Contrapunctus VI à la française, puis dans les VII à XI , il baigne l'animation rythmique des contre-sujets, pour parler comme les Goncourt, dans une « atmosphère émolliente où se détend la fib re nerveuse et où s'éteint la fièvre qui fait créer ». Significativement, dans le Contrapunctus II , où Bob Van Asperen surexpose le rythme pointé, Vincent Grappy l'atténue, le gomme, le change en un quelque chose vaguement ternaire. Vieux routier de l'oeuvre (il y fut le second clavecin de Gustav Leonhardt en 1969), Van Asperen a des partis autrement forts, et moins consensuels. La gravité docte de l'expression attire l'attention sur l'ornementation ajoutée, profuse et parfois aux limites du naturel, et une inégalité étudiée qui donne à l'ensemble un caractère français inusité. Curieusement, ce n'est pas le contrepoint alla francese qui en bénéficie le plus mais, magnifiquement, ceux de part et d'autre (III-V , VII-VIII ). Conférer au Contrapunctus XI la place cruciale qui revenait traditionnellement à la fugue inachevée obligeait l'interprète à nous convaincre, et Van Asperen y parvient. La complexité du travail contrapuntique est rendue dans sa prodigieuse combinatoire, et davantage encore dans sa progression expressive, pensée non seulement à l'échelle de la pièce mais de l'oeuvre entière ; un couronnement après lequel les fugues-miroirs à deux clavecins paraissent de brillantes annexes.


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