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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Sophie Roughol Les opulences sonores de San Marco au « siècle d'or » ont suscité une discographie foisonnante, sur le versant instrumental comme sur celui des motets, qui dominent dans l'album d'Etienne Meyer. Cette Renaissance tardive, qui cédera bientôt sous les assauts de la nuova prattica montéverdienne, a souvent inspiré des interprétations brillantes (Paul McCreesh est sans rival sur ce terrain), à laquelle répond cette fois une suite de tableaux aux couleurs chaudes et aux lignes sereines, avec un chanteur par partie. Les vents, qui s'immiscent partout dans les polyphonies (selon des dispositifs variés d'une pièce à l'autre), leur apportent une gravité ambivalente, à la fois majestueuse et intérieure ; Saint-Marc y apparaît comme la chapelle privée du Doge, plus que le cadre des cérémonies imposantes de la Sérénissime.
Quand la trame
s’élargit à huit voix, c’est pour que les deux groupes de quatre rivalisent de
suavité, dans un divin O Jesu mi dulcissime . Les douze pupitres de l’ Ave Maria
final s’unissent dans un mouvement aussi souple que l’ Assomption du Titien, aux
Frari. Le programme puise chez les Gabrieli et Bassano une dramaturgie de
climats et de couleurs. Ne pas faire dire plus au texte qu’il ne dit : le choix
des interprètes se coule dans cette exigence d’Etienne Meyer. Sept chanteurs, et
pas des moindres (Magouët, Keller, Bündgen, Bertin, Primard, Bouchot, Delaigue),
sept instrumentistes, cornets, sacqueboutes, basson, orgue, colla parte ou
affranchis des voix, soudent un collectif discipliné. Ductiles, dédaignant la
prouesse individuelle, voix et instruments introduisent dans le tableau
polyphonique des diminutions inattendues, qui gagnent pourtant une forme
d'évidence. Paulin Bündgen émerge en douceur d'un nuage cuivré dans l' Ave
Maria de Palestrina « glosé » par Bassano. Des ténèbres nocturnes - Confitebortibi
Domin e de Giovanni Gabrieli -, aux rayons de lumière soudains sur les
coupoles (Anne Magouët), tout est fête et prière. Le flux polyphonique prime sur
le motif, les chromatismes n'apportent pas des ruptures mais des miroitements (
Miserere mei ). Laurent Stewart offre le dernier cadeau de
l'enregistrement, deux Canzone alla francese de Claudio Merulo et une
Toccata d'Andrea Gabrieli sur l'orgue Renaissance de Valvasone (1533). Prise
de son splendide et précise. |
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