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Diapason # 674 (12 /2018)
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Ramée
RAM1702



Code-barres / Barcode : 4250128517027

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Analyste: Denis Morier

Des Vêpres de Monteverdi sans autre instrument que le continuo ? L’idée n'est pas absurde si on considère la partition imprimée à Venise en 1610 non comme une « oeuvre définitive », mais comme une somme dont les « maîtres de chapelle compétents » (ainsi parle Schütz dans sa préface aux Psaumes de David) pouvaient « disposer à leur guise », selon les besoins d'offices plus ou moins solennels, et les possibilités des institutions. Monteverdi précise ainsi que les ritournelles du Dixit Dominus peuvent être omises (Rinaldo Alessandrini faisait merveille dans cette option, qu'il illustrait en 1996 dans son anthologie « Musica sacra »). Le Laudate pueri n'appelle que « huit voix seules avec l'orgue », et le recueil propose une version alternative à six voix du Magnificat, sans instruments concertant. 

L'interprétation vocale est singulièrement soignée par l'équipe de Bruno Boterf : un ou deux chanteurs par partie selon les pièces, conformément aux exigences de la partition, aux timbres généralement homogènes (quelques fugitives aigreurs d'altos masculins et stridences de soprano mises à part), faisant preuve d'une grande fluidité dans les vocalises (quoique le Duo Serafim, au tactus fluctuant, paraisse brouillon et peu jubilatoire).

La démarche originale ne manque pourtant pas de cohérence. S'il change l'effectif, il reste fidèle à l'approche canonique du Vespro comme un tout musical. Une reconstitution liturgique ? Soit. Mais alors pourquoi reprendre les antiennes grégoriennes après les psaumes et les faire suivre des concerti sacri montéverdiens, dont la fonction est justement de se substituer à la reprise des antiennes ? De même, remplacer la Sonata sopra Sancta Maria par une toccata et un ricercar, certes paré de formules litaniques à la Vierge mais extrait d'une messe pour orgue de Frescobaldi, a peu de sens dans un tel contexte vespéral.

Surtout gonfler le groupe du continuo pour compenser l'allègement du tissu instrumental est une erreur. Le grand orgue devait suffire! L’ajout d'instruments doublant la basse ne s'envisage, à l'aube du baroque, que si l'orgue a des graves déficients (comme à Venise à San Marco, où l'on faisait monter une contrebasse de viole en tribune). Ici, l'introduction du trombone, d'une basse de viole ou de cornet souligne inutilement le bassus generalis (en particulier dans le Dixit Dominus) et déséquilibre la polyphonie, notamment lorsque le trombone double le cantus firmus. Et que vient faire ici ce clavecin ? De la décoration ! Paradoxalement, les contrepoints les plus denses n'ont rien gagné en lisibilité avec la disparition des instruments habituellement employés en doublure (Nisi Dominus a 10 sans relief ni ferveur).

Les ritournelles de I’Ave maris stella se prêtent mal à une lecture sans ensemble instrumental: Bruno Bo­terf se voit contraint de les réduire aux deux claviers. Un artifice aussi peu vraisemblable que convaincant. Ces vêpres low cost ne sauront donc faire oublier les versions plus orthodoxes et festives, sources de si fréquents éblouissements par le passé !


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