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Diapason # 674 (12 /2018)
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Harmonia Mundi
HAF8905300



Code-barres / Barcode : 3149020934418

Appréciation d'ensemble:

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Analyste:  Loïc Chahine

En 1695, rentrant de Paris, où il avait vu son éditeur, à Strasbourg, où il était en poste, Sébastien de Brossard s'arrêta en chemin à Châlons‑en‑Cham-pagne, où officiait Pierre Bouteiller. Il logea chez lui, et les deux compositeurs échangèrent des oeuvres. C'est ainsi que Brossard, grand collectionneur, entra en possession du recueil de motets de Bouteiller qui se clôt avec le Requiem, aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de France. Ce Requiem et le Stabat Mater que Brossard donna à Meaux (1702) ont en commun la formation: cinq voix et basse continue, avec une image sonore (un « creux » caractéristique entre la ligne de dessus et la plus aiguë des quatre voix graves) qui fait écho à la texture singulière de l'orchestre versaillais à l'époque. Le faste est ici essentiellement polyphonique, sans symphonie, et les récits confiés à des solistes sont peu développés.

Les Arts Florissants concentrent le discours au maximum. Plutôt que de noircir le tableau du Requiem comme le faisait Niquet (cf. no 587), Paul Agnew oscille entre le recueillement et la lumière éternelle promise au défunt. Indécision ? Sagesse, plutôt, tant l'oeuvre semble ainsi rendue à elle‑même. Sous sa direction, les sopranos trouvent au début une couleur presque diaphane qui évoque la douceur apaisée. Quel contraste avec l'exorde du Stabat Mater de Brossard! Les mêmes aigus prennent ici un tout autre relief, quand le chef semble seconder le compositeur pour peindre d'abord la Vierge tombant à genoux (trois notes en descendant sur « stabat »), puis, sur « dolorosa », tirer un cri du si bémol aigu, rarissime dans les parties chorales de ce répertoire. Cette lecture scrupuleuse puise ses effets dans la partition même et exhale une sensibilité sculpturale. Au brillant se substitue la densité. 

Le programme illustre aussi la diversité des pratiques musicales à l'église, puisque les deux grandes oeuvres sont complétées par un Miserere pour une voix et basse continue alternant avec le faux‑bourdon, d'une rare piété, et surtout un vibrant Ave verum a cappella. Sans doute ce disque n'opère‑t‑il pas une séduction immédiate, mais il réserve à l'auditeur persévérant une profondeur qui pallie les (relatives) âpretés du son. Et si Brossard et Bouteiller étaient les héritiers de Philippe de Champaigne ?


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