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Diapason # 674 (12 /2018)
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Code-barres / Barcode : 0289948346370

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Analyste: Gaëtan Naulleau
 

Adagio agitato

Cecilia Bartoli, dix‑neuf ans après le best‑seller qui sortait l'opéra vivaldien du marais des préjugés, revient à ce théâtre et nous livre, plutôt qu'une suite au premier tableau, son « négatif ».

Le mélomane qui a gardé le « Vivaldi Album » sur sa table de chevet, mais perdu la soprano de vue, risque d'être déconcerté. Les oreilles délicates, fatiguées par l'effet « micro sur la glotte » qui faisait claquer les vocalises de 1999, béniront le ciel. L'érudit notera que les deux âges vivaldiens de la diva présentent autant de similitudes et autant de différences qu'Orlando furioso (1714) rapproché de Catone in Utica (1737). Et l'admirateur qui a suivi son parcours jusqu'au « Dolce Duello » avec Sol Gabetta, au programme déjà dominé par une bonne moitié de mouvements lents, fêtera son prolongement. Invraisemblable par la beauté nourricière de la parole, la diversité du chant, la flexibilité de l’accent. Mais issu d'une même et intransigeante discipline. Avions-nous cru que Bartoli ranimait Vivaldi par un surplus de brio inédit ? Elle lui offrait, sous ses airs joviaux ou fulminants, plus de sérieux que toutes ses consoeurs, voilà tout. 

Gourmandise dialectique  

« Le soleil resplendit avec plus d'éclat encore si un nuage vient de le cacher »: la leçon de Vivaldi dans « Sovente il sole » inspire à Bartoli une alchimie instable du phrasé, du rubato et des teintes dont l'oreille est sidérée, près de dix minutes. L'air de béatitude devient une aspiration active de l'âme, il gagne un élan d'autant plus pressant qu'il est ralenti, confiné dans les piano. Une telle démesure dans l'introspection Adagio agitato, en quelque sorte nous promet des vertiges dignes de Callas, Horne, Horowitz, Argerich, Oïstrakh...

Quintessence d'une rhétorique baroque ? Apothéose du bel canto ? Bien malin qui distinguerait une frontière. Ce serait, d'ailleurs, oublier tout ce que nos canons modernes du chant XVIIIe doivent au rayonnement du « Vivaldi Album ». Disons que la Bartoli de 1999 restait une rossinienne... nerveuse: elle affûtait là des outils développés pour Cenerentola et resserrait l'échelle des contrastes. Aujourd'hui, « Se mai senti spirarti » et « Vedro con mio diletto » se ressentent davantage de l'aventure « Maria » (Malibran). Et n'entendons-nous pas l'écho de sa Norma dans le da capo inouï de « Sol da te », dont la ligne s'amenuise jusqu'au murmure tout en s'amplifiant par un nouveau tracé ornemental ? 

Des airs plus véloces (bras de fer attendu avec la trompette, giovinetta frivole, etc.), celui qui ouvre l'album s'avère grandiose. Sa profondeur anxieuse, sa panique dont pas d'équivalent dans les feux d'artifice furioso de 1999. La réplique fraternelle de l'ensemble Matheus, plus disposé au lyrisme que l'anguleux Giardino Armonico, et particulièrement touchant quand Jean-Christophe Spinosi prend le violon, n'y est certes pas pour rien.

Une inquiétude enfin. Notre diva servait jadis Vivaldi en conquérante : les émules suivaient. Elle y revient en souveraine. Qui oserait désormais la défier?


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