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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Jean‑Philippe
Grosperrin Quelques extraits gravés par Gustav Leonhardt en 1973... et puis plus rien. Voici enfin la première intégrale au disque d'un des délices de l'opéra sous l'Ancien Régime, revenu récemment au théâtre (festival de Potsdam). Hormis la sarabande de L'Espagne, Sébastien d'Hérin restitue l'état premier de la partition en 1697, donc avant l'ajout dans le bal vénitien de la fameuse forlane ou d'une seconde ariette en italien. Selon la tradition, Campra aurait donné à son disciple Destouches trois des numéros les plus exquis: les airs « Paisibles lieux » et « Mes yeux », plus le rondeau avec choeur « Nuit, soyez fidèle ». La princesse Palatine disait de L'Europe galante à sa création : « C'est bien gentil » (comprenons: distingué, gracieux). Hélas, on n'en dira pas autant de cet enregistrement. Heather Newhouse s'y montre moins que médiocre, mais c'est d'abord Caroline Mutel qui afflige Vénus, Roxane ou le dialogue de L'Italie de ses défauts ordinaires: soprano ingrat, verbe insipide et souvent confus, disette rhétorique. Un monde sépare son air en espagnol de la poésie que distillait Rachel Yakar chez Leonhardt. Si Anders J. Dahlin déroule au moins avec science et style, sinon érotisme, le ravissant Sommeil, sa minceur vocale confine à l'absurde pour exprimer les transports furieux d'Octavio. La basse faiblarde et peu articulée de Jérémie Delvert affadit la turquerie finale, tandis que Nicolas Courjal laisse perplexe dans ce répertoire: la recherche brouillonne de l'expression aboutit à des contorsions ennemies de la noblesse, malmenant son beau timbre et surtout la clarté du texte. Restent Romain Champion, à la fois consistant et nuancé dans la sérénade, et Isabelle Druet, par qui cette musique trouve enfin sensualité et justesse du caractère. Or les caractères divers et souples qui distinguent l'opéra‑ballet et son esprit pré‑Régence, ce n'est pas la performance de l'ensemble dirigé par Sébastien d'Hérin qui les offrira. Où l'on entend des travers déjà sensibles dans Scylla & Glaucus de Leclair (cf. no 643). Pourquoi, dès le prologue, cette hâte, ce dessin vague, ces danses incertaines et sans grâce, ce discours boulé sur des basses assénées ? Ni le choeur (qui donne le sentiment de chanter trop fort, sauf à Venise), ni l'orchestre ne sont irréprochables pour le fini et l'allure, la netteté des lignes, la cohésion. Est‑elle galante, cette pastorale sommaire, avare de délicatesse, où un passepied instable court la poste ? Et ce nocturne espagnol par à-coups, en panne de mystère! Les flûtes du Sommeil ne laissent plus de place aux violons, l'entrée de Carlos marie bizarrement procession funèbre et lyrisme grandiloquent. La Turquie passe mieux, mais on est loin du compte. Une version d'attente, rien de plus. |
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