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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Paul Greveillac LANGUEURS DE DIEU Confrontation de chansons sacrées inédites de Samuel Scheidt avec un motet de Frank Schwemmer. Une prise de risque audacieuse. Cet enregistrement présente onze premières mondiales de Samuel Scheidt. Dans ces motets au dépouillement de chapelle, (choeur double de deux fois quatre voix), le compositeur explore la langueur de Dieu et l'espoir. Nous sommes en 1620. Scheidt a alors trente‑trois ans. Il est en pleine possession de ses moyens. Il vient d'être nommé maître de chapelle de la Cour du Margrave de Brandebourg. Il va s'affirmer tel une voie du milieu entre Heinrich Schütz et Johann Hermann Schein, comme le dit justement le livret. Son écriture ‑ précise, exigeante plutôt que virtuose ‑ est magnifiée par l'interprétation de l'Athesinus Consort Berlin. En témoignent la diction irréprochable, les grands écarts de tessiture sur le « Ich hebe meine Augen... » : du sommet des montagnes aux pieds du fidèle. La retenue de l'ensemble crée d'emblée la familiarité avec ces pièces inédites. La naïveté pleine d'espoir (« Ich hof fe aber darauf, dass du so gnâdig bist », SSWV 3), les aplats des sopranos, agissent comme le salutaire rappel à l'ordre de la foi du charbonnier. Les variations rythmiques madrigalesques, qui épousent avec naturel les textes des Psaumes, de Luther, Rinckart ou Schalling, ont la cohésion d'une lecture holistique. Riches en mélismes inspirés et contrepoints chantants, ces motets regorgent en outre de figuralismes habiles qui rythment et dynamisent les répétitions du texte. La proposition de dialogue avec le motet de Frank Schwemmer, né en 1961, dont l'enregistrement est également une première, peut paraître surprenante. Elle repose sur une même utilisation de textes bibliques (extraits du Cantique des cantiques et du Livre des Proverbes). C'est un pari osé. Il est gagnant. Plutôt qu'une respiration, le motet de Schwemmer permet une exploration. L’oeuvre se scinde en deux parties, intercalées entre les motets de Scheidt. Ce sont deux plongées introspectives, entre une introduction au violoncelle seul et une pièce a cappella, entre le Lux aeterna de Ligeti et le Minnesang de Schnittke ‑ mais parlé aussi, chuchoté plutôt. Comme des anges ou des démons dans le désert, Puis nous retournons, changés, dans la société des hommes. Nous sommes désormais au nombre des fidèles. Notre périple musical peut se conclure sur les louanges du « Lobet den Herren in seinem Heiligtum », de Samuel Scheidt.
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