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Diapason # 673 (11 /2018)
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Ricercar
RIC394



Code-barres / Barcode : 5400439003941


Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Ramin
 

Hormis l'album de Peter Dirksen en 2007, la discographie de Heinrich Scheidemann s'est entièrement jouée à l'orgue, ou quasi. Et plus encore celle de son contemporain Samuel Scheidt (1587‑1654), quand bien même leur maître commun, Sweelinck, a vu les clavecinistes servir sa production avec autant de bonheur que les organistes. Car l'écriture pour clavier, en cette première moitié du XVIIIe siècle, est encore relativement indifférenciée : c'est à l'interprète qu'il revient de trouver la meilleure voie pour faire sonner une danse ou un ricercar à travers la divine tuyauterie ou sur des cordes pincées ‑ domaine dans lequel excelle Yoann Moulin, aujourd'hui comme l'an dernier dans un splendide album Frescobaldi, rêveur et touchant (cf. no 659).

Son nouveau programme pose donc un contrepoint utile à la discographie. Il visite la plupart des formes en usage à cette époque très innovante pour les claviers, dans l'élan insufflé par Sweelinck: ses disciples, à leur tour, s'efforcent de concilier l'intériorité du sentiment (religieux ou non) et une nouvelle ambition formelle. La simplicité initiale de l'allemande Also gehts de Scheidt, vite démentie par un développement polyphonique extrêmement complexe, montre l'attrait pour une architecture extravagante, tout comme le prélude en ré de Scheidemann : ces deux labyrinthes exigent de l'interprète autant de qualités digitales que de sens analytique. 

La beauté mélodique très italienne du prélude en mi captive et étonne. Peut‑être le style constamment arpégé, dont Moulin s'est fait une spécialité, sert‑il moins l'écriture contrapuntique de la fugue en ré, dont l'exécution sur le jeu à l'octave (quatre pieds) reste cependant très séduisante.

Moulin force l'admiration par une gestion tranquille de l'énergie et la concentration de son écoute (prélude en soi), en parfait accord avec le projet annoncé dans la notice. Cherchant un terrain commun entre mystique et action combinatoire, il referme le parcours sur l'immense fantaisie sur « Io son ferito lasso ». Par ses dimensions, par l'ampleur continuelle de ses lignes, ce chef­d'oeuvre, où Scheidt jongle avec une infinité de cellules teintées de maniérismes chromatiques, semblait appeler l'orgue, ses tenues et ses possibilités de registration : mais le toucher et la concentration de Moulin, qui voit toujours très loin devant, le fondent sans dommage dans les résonances d'un clavecin d'inspiration flamande, dont les deux jeux évoquent tantôt la délicatesse du luth tantôt la gravité du roi des instruments (prélude en ré).


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