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Diapason # 673 (11 /2018)
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Harmonia Mundi
HMM902620




Code-barres / Barcode : 3149020934869

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: David Fiala
 

Dès l'entrée de cette anthologie, alignant des œuvres maintes fois gravées, le tempo est donné : Ockeghem sera prié de monter au paradis en trois minutes et demie, quand les nombreux devanciers de la Cappella Amsterdam prenaient environ une minute de plus, parfois deux, pour accompagner le vieux maître à sa dernière demeure en chantant Nymphes des bois, la déploration de Josquin sur sa mort. Le caractère expéditif de cette première plage se confirme ensuite. Il est d'autant plus déconcertant que le thème du programme, la lamentation et la plainte, n'est pas de nature à évoquer l'idée de marche forcée. 

À la réécoute, cette impression ne repose pas tant sur les tempos que le phrasé. Daniel Reuss les choisit certes tous plus allants que la plupart de ses collègues: on pourrait lui donner raison à l'écoute de certaines interprétations inversement alanguies. Ça n'est en fait pas le tempo en lui‑même qui pose problème mais son absence de flexibilité. Lignes vocales et conduite des phrases, enchaînements entre celles‑ci et entre les différentes sections : tout le discours est prisonnier d'un carcan métronomique qui précipite les événements. Le discours s'écoute sans variation de ton, presque sans ponctuation. Un souci dans une écriture qui, dès l'époque de Josquin, a été rapprochée de la rhétorique oratoire.

Reuss et ses quatorze voix mixtes, musiciens accomplis, bardés de prix, maîtrisent pleinement leur art choral. Il y a nécessairement là un choix conscient, presque un manifeste. L’absence de contrastes de nuances (comme de rubato ou de messa di voce) renforce l'hypothèse : c'est un Josquin antiromantique, presque dépersonnalisé, qu'il s'agit de faire entendre. Un tel choix vise‑t‑il à laisser toute la place à la seule virtuosité combinatoire du contrepoint? Dans ce cas, bien d'autres oeuvres que cette sélection de pièces parmi les plus expressives auraient été mieux appropriées (le théoricien Glaréan entendait des cris dans le Planxit autem David).

Avec un tel choeur, il reste bien des moments de splendeur chorale. Mais cette Rolls‑Royce a quand même un air dérangeant de Tesla en pilote automatique.


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