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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Loïc Chahine Quelle était la personnalité musicale de la péninsule ibérique au XVIIIe siècle? Ce programme la montre protéiforme, entre dominante italienne et couleurs locales. L’orchestre baroque de la Casa da Musica, basé à Porto, et Andreas Staier, qui s'aventurait déjà sur ces terres en 1999, avec de renversantes « Variaciones del fandango espahol » (Teldec, Diapason d'or) dressent un panorama inégal. Fallait‑il l'ouvrir sur la pièce la moins substantielle de l'album, qui certes lui vaut son titre ? Ce Concerto « Alla Portugesa », publié par William Corbett dans ses Bizzarie universali, cache bien ses bizarreries sous les figures les plus ordinaires de la musique italienne du milieu du siècle. Et nous peinons, comme Fernando Miguel Jalôto dans la notice, à « distinguer aujourd'hui ce que le compositeur considérait comme authentiquement portugais ». Un concerto assez développé de Seixas (sol mineur) et un autre alignant trois vignettes en à peine plus de cinq minutes (la majeur) illustrent l'influence du style italien. Jouant un très joli clavecin de Philippe Humeau, à l'émission assez courte et flûtée, Andreas Staier leur insuffle une certaine verve, en particulier dans le premier. L'orchestre de la Casa da Musica impressionne davantage dans le plus célèbre des douze concertos retaillés par Avison sur des sonates de Scarlatti. Dès les premières mesures, les enjeux sont posés: aucune des vagues tourmentées ne sera esquivée, mais elles composeront un tableau parfaitement équilibré, dans un style, une palette et une prise de son qui rappellent l'English Concert des grandes années Archiv. Une noble fierté se dégage du Largo, l'Allegro affiche un dynamisme de fond, fuyant la vaine agitation. Et quelle volupté des textures! Cette tempérance évite à la Musica notturna delle strade di Madrid (quintette à cordes frottées ici augmentées de deux clavecins par les soins de Staier) de tourner au cabotinage, tout en campant bien les épisodes. Lyrique ici, là explosive, partout suggestive. Restent, au coeur de l'album, trois sonates de Scarlatti ‑ un répertoire auquel Staier prêtait jadis un ton particulièrement hardi et démonstratif (DHM et Teldec). L’instrument de Humeau, ou l'expérience, lui inspirent un geste plus hésitant et rêveur dans l'étrange K 173, qui nous touche par sa délicate mélancolie et la subtile agogique de l'interprète. La K 13 est plus galante et polie. La K 8 étonne par son âpreté et par le tempo vif qui tend ses guirlandes obsédantes de notes pointées : à l'inverse des habitudes, mais en écho à la force visionnaire de Landowska. |
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