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Diapason # 673 (11 /2018)
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Alpha
ALPHA419




Code-barres / Barcode : 376001419191

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

Un contre-ténor épaulé par un ensemble fourni plutôt que par l’habituel continuo des récitals purcelliens ? Gage de tableaux diversifiés; prime au soliste, qui gagne toujours à se faire désirer par intermittence; et porte ouverte, au‑delà des songs, sur des extraits d'odes ou de musiques de scène. Sylvia McNair (Philips), Andreas Schol (Decca), Dorothee Mields (Carus), Karina Gauvin (Atma) et quelques autres s'accordaient ce luxe avant Tim Mead. Mais retenons plutôt l'album de Nicolas Achten (Alpha), dont la palette préfigurait l'inventivité saillante de François Lazarevitch. Son nom et celui du chanteur apparaissent en caractères égaux sur la couverture. C'est la moindre des choses pour un programme alternant, à parts égales, plages vocales et instrumentales.

Les Musiciens de Saint‑Julien lèvent le rideau sur un petit menuet si vif de trait qu'il changerait un éléphant en ballerine, pour le baisser sur la chaconne chinoise de Fairy Queen, extraordinairement agile et piquante On devine derrière ces ressorts rythmiques infaillibles et pointus l'intérêt que porte Lazarevitch à l'enseignement des « violoneux », dont la discipline d'accent, forgée au service de la danse, peut offrir un modèle fertile à l'interprétation historiquement informée. Leur maîtrise d'une pulsation fine, stable et précise entre toutes innerve ici l'intarissable Fantazia upon a ground, confiée aux flûtes, avec de‑ci, de‑là, des couleurs d'orgue de barbarie.

Mais ce travail de fond, mûri et décliné déjà dans une riche discographie, tourne au procédé hors sujet dans une bonne partie de l'album. L'énergie impérative qui scande « Strike the viol » sans jamais fléchir laisse peu plus d'espace au déploiement mélodique ‑ sans parler de séduction ni de fantaisie. C'est impeccablement, mais ostensiblemen fait. Tim Mead domine ce tableau d'une voix dense (splendidement égale du haut en bas de la tessiture, atout décisif dans Tis nature’s voice) et d'un ton uniformément noble. Il franchit à peine la porte de l'élégie dans « Here the deities » (mais pourquoi faut‑il qu'ensuite, la sublime ritournelle grince et s'agite ?), et trace dans le désert de O Solitude (très arrosé par le continuo) de grandes lignes droites, à distance des abîmes où d'autres ont su se risquer pour nous tirer des larmes. Il faut attendre une charmante ballade écossaise pour le voir tomber la veste.

Dans Fairest Isle, le contre‑ténor répond méticuleusement au projet ornemental du chef‑flûtiste, dont la pertinence nous échappe ici. Certes, « on peut le faire ». Mais à quoi bon ? Décuplées par le violon dans les ritournelles, les coloratures alignent leurs petites figures sans aucun profit pour le tableau arcadien ‑ de la même façon que l'accumulation de bizarreries pèsera sur les dissonances aiguës de la Pavane en sol mineur. Saluons comme il se doit l'audace expérimentale d'un collectif qui nous avait toujours passionné jusqu'ici. Mais reconnaissons que l'expérience est, cette fois, plaquée sur une musique dont elle écrase les inimitables ambiguïtés.  
             


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