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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Jean‑Philippe
Grosperrin Comme le Catone de 1732 (cf no 655), cette Didone est la créature mais non l'enfant de Handel : le dernier de ses neuf pasticci londoniens adaptait l'opéra homonyme de Leohardo Vinci (Rome, 1726, livret de Métastase) et parut dans la saison 1736‑1737 du King's Theatre après Giustino, Arminio, Berenice ‑ toujours avec la même équipe, soit Anna Maria Strada (Didon, ci‑devant Alcina) flanquée des deux castrats Giziello (Enée) et Annibali (larbas), plus en comparses l'alto Francesca Bertolli (Séléné) et le grand ténor John Beard (Araspe). Handel abrège les récitatifs, transpose les numéros, conserve treize des vingt‑neuf airs (avec modifications éventuelles de la structure) et en emprunte neuf à d'autres opéras contemporains. Enée fait ainsi miroiter les atours de Leo (un extrait racé de son Demetrio clôt l'acte I), Giacomelli ou Hasse, lequel fournit aussi les imposantes imprécations de larbas. La réécriture du rôle‑titre, déjà contrasté par Métastase, illustre mieux encore cet art de mosaïque: « Son regina » est d'origine, le sublime « Se vuoi chio mora » porte trace discrète de la main de Handel, « Ritorna a lusingarmi » vient ensuite de Vivaldi (Griselda), et le III combine à l'étonnante nudité de la v.o. (deux airs d'une minute et demie) une aria di tempesta partiellement en décalage avec la rigueur tragique des scènes ultimes. C'était donc le festival des stars à Londres. Si Julia Böhme excelle dans les vestiges de Séléné, Namwon Huh (timbre intéressant mais notes poussées ou lâchées dans la disgrâce) offre une manière fruste malgré quelques efforts de délicatesse. Surtout, Antonio Giovannini souffre dans le costume d'Annibali : voix courte et nasale au soutien flageolant, imprécise dans le rythme ou la vocalise, comme encombrée d'elle-même ‑ d'où un italien en bouillie la plupart du temps. Triomphe sans risque pour son rival, alias Olivia Vermeulen, dont les progrès en dix ans font plaisir à entendre. Son mezzo bien placé, tenu mais mobile, au coloris toujours sensible, dépourvu d'affectation, comprend l'éloquence du personnage (dès le dialogue) et la beauté plastique de ses airs à un point qui ne fait pas désirer une voix plus charnue. Elle partage cette intelligence à la fois rhétorique et musicale avec la soprano Robin Johannsen. Certes le profil composite de Didon 1737 ne la ménage pas, notamment dans les guirlandes de Vivaldi, et la voix, plus brillante que corsée, trahit un rien d'acidité contrairement à un magnifique album Caldara en 2012 (DHM). Mais sa reine a autant de superbe que de vulnérabilité: « Se vuoi ch'io mora » est un must, et l'alternance finale de violents récitatifs et de stases désolées est remarquablement assumée. Louons enfin l'équilibre, le corps et la respiration dramatique de l'orchestre : Wolfgang Katschner cultive lui aussi ce sens de la dignité qui importe à Vinci ou Hasse. Indispensable à l'amateur d'opera seria, l'ensemble occulte sans peine la Didone de Vinci publiée en DVD (Dynamic). |
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