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Diapason # 674 (12 /2018)
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Alpha
ALPHA287




Code-barres / Barcode : 3760014192876

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau
 

Le faisceau de qualités plastiques et la concentration qui soudent les dix voix de Vox Luminis devraient suffire à notre bonheur dans un bouquet de cantates assez gratifiantes. Comment se fait‑il alors que nous ayons si souvent regardé notre montre ? Ou plutôt, comment se fait‑il que nous ayons abandonné une première fois après cinq minutes, la deuxième après vingt, la troisième... ? Question plus simple pour leur album précédent. Le Magnificat de Bach et le Dixit Dominus de Handel exigeaient un relief vocal‑instrumental et une fermeté du geste collectif hors d'atteinte encore pour le jeune ensemble belge, qui a bien d'autres atouts. Il investit cette fois un terrain plus propice à la pudeur de Lionel Meunier et bénéficie d'un partenariat instrumental luxueux... Mais sous‑employé. Faire confiance à l'énergie propre du continuo, laisser les instruments articuler un langage complémentaire des voix permettrait sans doute de susciter la tension qui nous manque ici. Même l'extraordinaire Jesu meines Lebens Leben, donné en conclusion, tourne à vide. Van Immerseel (avec un effectif renforcé par des cuivres, Channel) et Koopman (Erato) combinaient la progression et le trouble nostalgique de cette passacaille sur socle métrique solide ‑ c'est le talon d'Achille aujourd'hui de Meunier, la polyphonie vocale.

L’extase implorante et lancinante, dessinée du bout des lèvres, à la fin de la cantate Herzlich lieb hab dich, O Her est un grand moment. Mais l’introversion des chanteurs, les yeux baissés vers leurs chaussures quand il faudrait prendre l'auditeur à parti, nous fatigue ailleurs. D'un mouvement à l’autre, Ies idées de Buxtehude, maître d’une imagerie musicale singulièrement efficace, ne s'affirment que mollement‑ écoutez donc ce qu'en fait Van Immerseel! Cet entre‑soi polyphonique indécis flattera, certes, l'oreille distraite. Rien ne dépasse ‑ mot, rythme, individu, idée ‑ de la belle ouvrage.

Les trois sonates se rangent sagement entre les cantates. Comme cela sent l'application du studio... Personne n'ira reprocher au violon de Sophie Gent, à la viole de Mélisande Corriveau et au clavecin d'Olivier Fortin de s'aventurer aux antipodes de l'effervescence (inimitable) de Goebel dans celle en si bémol. Pour comparer ce qui est comparable, Koopman et les siens insufflaient, dans un espace intime, infiniment plus de fantaisie, d'élan ludique, d'envie de jouer.


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