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Diapason # 671 (09 /2018)
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ACC24337



Code-barres / Barcode : 4015023243378

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Analyste: Luc Macia
 

La redécouverte de Graupner est, depuis une quinzaine d'années, l’une des plus belles surprises de l'aventure baroque, l'une des plus séduisantes. L’ingéniosité et la volubilité du dialogue instrumental flattent partout l'oreille dans sa musique. Le répertoire d'orchestre a connu quelques disques épatants, mais sa production sacrée avait été confiée la plupart du temps à des chanteurs modestes ou des ensembles inégalement préparés : Dorothee Mields et Florian Deuter prennent le relais avec brio ! L’album mêle trois cantates pour soprano solo, cordes et parfois deux hautbois, écrites à Darmstadt durant la décennie 1710, à deux oeuvres instrumentales plus tardives où l'inventivité de Graupner nous bluffe une fois de plus. Le double concerto pour violons, très italien d'esprit, est enlevé avec prestance par Florian Deuter et Monica Waisman.

Dans les cantates, leur Harmonie Universelle a encore fort à faire ‑ leur partie est aussi importante que la voix. Deux sur trois s'ouvrent d'ailleurs par des mouvements où la soprano se contente de dérouler un choral tandis que s'active en dessous un splendide concertato, instrumental. Une prise de son confuse ne suffit pas à aplanir le formidable relief de cette écriture. Fondées sur des poèmes de Georg Christian Lehms, ces cantates sont nourries d'arias aux mélodies séduisantes, souvent enjouées, au plus près de livrets exprimant la sérénité du croyant et sa foi en la Providence. Deux hautbois virtuoses agrémentent les cordes dans deux d'entre elles, et l'Harmonie Universelle ménage ses effets dans deux arias mêlées de récitatifs (plages 17 à 19) ou dans une déploration poignante évoquant Jésus sur la Croix (plage 28). Les accompagnatos valent aussi le détour.

L'aisance lumineuse de la soprano ferait presque oublier un travail de dentellière dans le mot, l'inflexion et l'intelligence de la vocalise. Si la voix ne varie guère la couleur d'une plage à l'autre, comme tant de sopranos dévouées à Bach à longueur d'année, l'expression trouve ailleurs sa diversité précise. C'est avec des interprètes de ce calibre et de cette exigence que la musique sacrée de Graupner redore son blason. Dire qu'elle fait de l'ombre à celle de Bach serait absurde, bien sûr, mais livrez‑vous à un test avec quelques amis: passez une ou deux plages des cantates à l'aveugle, n'importe lesquelles, et demandez‑leur qui est l'auteur …

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