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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Philippe Venturini
Pédagogue recherché et admiré, Dominique Merlet n'appréhende pas ce recueil éminemment didactique en professeur un peu sévère, mais bien au contraire, en artiste accompli. Ce jeune homme de quatre‑vingts ans étonne même par son enthousiasme, sa spontanéité, ses tempos enlevés. Il s'empare ainsi du Prélude no 1 avec une gourmandise impatiente, le geste cursif mais jamais brusque, les doigts déliés, les phrasés souples, le chant prioritaire, malgré une détermination manifeste. La même vigueur anime le Prélude no 2, torrent impétueux de doubles croches qui sort de son lit dans son dernier coude et éclabousse l'auditeur de lumière. Dominique Merlet a manifestement eu à coeur de se souvenir de Czerny, publiant Le Clavecin bien tempéré en 1837 et signalant qu’il avait tâché de « considérer le vrai caractère de chaque composition ». D'une page à l’autre, le pianiste modifie en effet la perspective, il espace, la couleur sans le moindre effet de manche, sans volonté de faire l'original, de se distinguer dans une discographie abondante et riche depuis Edwin Fischer (EMI,1933-1936) jusqu'à Zhu Xiao‑Mei (Mirare, 2007‑2009) en passant par Friedrich Gulda (Philips, 1972‑1973), Glenn Gould (Sony, 1974) et Evgeni Koroliov (Tacet, 1998‑2002). On admire ainsi la plénitude quasi vocale de la foisonnante Fugue no 4, les croches papillonnantes du Prélude no 5, le charme du Prélude no 9, le caractère enjoué du Prélude no 5, la plénitude orchestrale du Prélude no 17 et la dimension cosmique de la Fugue no 24. CONCENTRATION ET RÉFLEXION Comme le rappelle Jean‑Jacques Eigeldinger dans son texte de présentation, certains couples de prélude et fugue « sont dans un rapport d'opposition [ ... ], d'autres dans un lien d'analogie ou de complémentarité ». Cette diversité, Dominique Merlet la restitue dans un jeu concentré et pensé. Mais si la tête reste froide (du moins en apparence), les doigts sont souvent chauffés à blanc et font assaut de virtuosité (Prélude no 7 comme improvisé). Pas pour épater, redisons‑le, mais pour approcher au plus près le mystère de cette musique. Autre tour de force, ce toucher qui reste délicat et ce son mordoré ; et moelleux sans jamais embrumer les lignes. En organiste qu’il est également, l’artiste sait équilibrer les registres pour conserver la lisibilité de la polyphonie (Fugue no 22) et parvenir à une juste intensité expressive sans jamais alourdir les mains: les accords du Prélude No 8, la répétition régulière de groupes de deux notes dans la Fugue no 14, la marche solennelle du Prélude no 24. Cette maîtrise de la partition ne se révèle jamais dans une ascèse sonore (la Fugue no 19) qui semble aller dans tous les sens, les accords brisés du Prélude no 21), une froide radiographie, une articulation artificielle ou une exploitation tapageuse, des possibilités du piano. Au contraire, elle surprend souvent par de malicieux sourires Fugues no 7 et 9). Aller à l'essentiel sans prendre des airs de donneur de leçon, être grave sans chausser des semelles de plomb, faire montre de puissance intellectuelle sans jouer au savant: est‑ce cela la maturité? |
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