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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Philippe Ramin Il revisite l'usage des deux claviers en déployant toutes les combinaisons possibles (voire le quatre pieds seul dans la neuvième). Il peut les fragmenter pour illuminer un détail (Var. 26), avec un talent de funambule épatant. Le premier tour de piste après l’Aria est singulièrement alangui : à l'inverse du top‑départ électrique alla Gould reproduit par bien des clavecinistes dans cette Var. 1, il nous laisse suivre l'archet de violes étirant voluptueusement leurs intervalles. Le musicien explore avec un flair infaillible les possibilités d'ornementation les plus spirituelles (Var. 8), des articulations originales et diablement éloquentes (Fughetta) et montre l'étendue d'une culture de l'orchestre transposée au clavier. Culture qui se souvient aussi de Rameau (Var. 23), de la mélancolie des ancêtres (Kuhnau), de l'humour fantasque des contemporains et amis (Telemann), et qui invite de façon douce et pressante l'auditeur à faire le voyage. Sur le plan ornemental, Ares n’est avare ni d'appoggiatures, ni,de notes de passage en forme de clins d'oeil. Il corrige respectueusement, mais avec humour, quelque contour mélodique (Var. 29). Son rubato (on le sait depuis son premier album) s'anime avec une élégance rare, et profite des résonances libres de son instrument pour transgresser les règles du clavecin bien éduqué (Var. 27). Cette palette inédite et profuse (quel tour de force dans l'opposition des trilles et des croches alanguies de la Var. 28!) se conjugue à l'art du danseur (enfin baroque parce que terriblement contemporain). Disque déroutant, éclairant, attachant: le triomphe de la liberté conquise sur la vraie rigueur.
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