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Diapason # 669 (06/2018)
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PHI
LPH029



Code-barres / Barcode : 5400439000292

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Analyste: Gäetan Naulleau

Ce n'était donc pas un accident. En 1987, une première gravure du Vespro déroutait même les fans de Philippe Herreweghe par sa sentimentalité embuée, qui noyait les gestes déclamatoires et le spectacle polyphonique inventés par Monteverdi en 1610. La prise de son y avait sa part, et la sortie de route était d'autant plus vite oubliée qu'Herreweghe livrait l'année suivante trois disques majeurs (Trauerode, Passion selon saint Jean, Requiem de Fauré), tandis que Savall, en 1988 également, bouleversait la discographie du Vespro.

Le chef du Collegium Vocale nous surprend en revenant à une œuvre qu'il n'a guère programmée depuis en concerts. Il restreint légèrement l'effectif (huit solistes de tout premier ordre, plus huit ripiénistes en doublure dans certains tutti), et bénéficie d'une équipe instrumentale nettement plus familière de cette musique qu'il y a trois décennies, mais rien n'y fait, le résultat est aussi flasque. Et la prise de son (Andreas Neubronner, pourtant) aussi nimbée ! La messe est dite à l'entrée du Dixit Dominus. Monteverdi pose, après les premières mesures disséminées en imitations, un bloc déclamatoire sur « Sede as dextris  meis »: Herreweghe regarde ailleurs, refuse attaque, grandeur, franchise à l'injonction divine (« Assieds‑toi à ma droite »). Les nombreux changements de mesure agencés au coeur des psaumes ne sont plus des ressorts de la grande forme mais des barrières, franchies d'un pas prudent. 

Les antiennes alternées, en plain-chant, donnent une clef du malentendu qui pèse ici. Les encens de Solesmes (mais deux fois plus vite, et du bout des lèvres) prennent le pas sur l'oraison rythmiquement ferme et solennelle que décrivent les historiens du Seicento. Comment peut‑on imaginer, sérieusement, cette récitation évanescente dans l'un des grands offices lors desquels cette musique aurait résonné à Venise ou Mantoue? Une méprise qui amollit fatalement les architectures échafaudées par Monteverdi sur plain‑chant ‑ socle commun à tous les psaumes du Vespro

On s'agace à chaque page d'entendre ce trésor, où Monteverdi redéfinit les codes et l'espace de la musique sacrée avec une invention formelle inouïe, soumis à une direction aussi nonchalante, capable de nous faire entendre, dans les tournures rythmiques (Laetatus sum) et les expansions polyphoniques (Magnificat) les plus extraordinaires, l'effroyable banalité du joli.


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