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Diapason # 669 (06/2018)
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DHM 88985338762  



Code-barres / Barcode : 889853387625

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Analyste:  Denis Morrier

Fille de Giulio Caccini, l'un des deux expérimentateurs du stile recitativo et « inventeurs de l'opéra », Francesca nous lègue une seule partition pour le théâtre, qui a déjà fait l'objet de deux disques. Le premier en 1989 par un ensemble universitaire japonais (Recitar Can­tando), le second en 2016 par une estimable phalange italienne réunie autour d'Elena Sartori (Glossa). Deux réalisations très imparfaites, alors que le spectacle monté à Genève en 1999 par Gabriele Garrido nous a laissé un souvenir magnifique.

Inspiré d'un épisode de L’Orlando furioso de l’Arioste, ce « ballet » fut « représenté en musique » à Florence en 1625 et repris à Varsovie en 1628. La partition et le livret (accompagné de gravures se faisant l'écho de la scénographie originale) furent imprimés. L’oeuvre mêle l'esthétique florentine, à travers ses longues scènes récitatives héritées de l'Euridice de Peri et Giulio Caccini, et celle de la nouvelle école romaine (Landi), par l'introduction de riches ritournelles à trois dessus et basse continue, de nombreux ensembles et de petits airs strophiques qui agrémentent les longues scènes récitatives.

Cet «opéra au féminin » attendra encore un peu sa version discographique de référence! Paul Van Nevel nous déçoit sur plusieurs plans. Ses interventions sur la partition tiennent d'une véritable réécriture : de nombreux récits (pour voix et basse continue) donnent lieu à un arrangement polyphonique avec orchestration des parties instrumentales nouvellement créées. Ainsi, les récits de Neptune sont-ils accompagnés par un ensemble de trombones (comme Harnoncourt le faisait il y a quarante ans dans l’Ulisse de Monteverdi). Un effet inutile quand le ténor (Matthew Vine) est si loin d'un chant divin. Certaines licences s'avèrent particulièrement dommageables: ainsi, les monodies destinées à une « autre demoiselle » (altra damiqella) sont confiées à un choeur de femmes à l'unisson soutenu par un trombone et un virginal. Le résultat est peu flatteur. De même, le « Récit de la Messagère » (Nunzia) se voit accompagné par un ostinato rythmique que la partition n'envisageait pas, souligné par une instrumentation en pizzicatos anachroniques. Engoncé dans un tel dispositif, le chant gracieux d’Axelle Bernage apparaît trop statique, les mots et le personnage perdant leur caractère tragique.

Mais le principal écueil de l'album tient aux voix solistes: les chanteurs de Huelgas ne sont pas vraiment des acteurs ! La plupart sont des « petites voix », confrontées à un style théâtral qu'elles abordent comme des chambristes. Certes, les épisodes choraux sont somptueux, Van Nevel ciselant chaque détail de la polyphonie et chaque inflexion du texte. Comme la plupart des rôles secondaires masculins, Bernd Oliver Fröhlich paraît peu crédible en divinité fluviale (la Vistule). L’exigeant rôle de Melissa (alto) est confié à la voix trop étroite, manquant de chair et de chaleur, de Sabine Lutzenberger. Achim Schulz campe un Ruggiero aux ornements raffinés, mais trop peu chevaleresque, tandis que le chant clair de Michaela Riener prête à son Alcina un caractère étrangement juvénile ‑ on attendait plus de séduction mêlée de violence pour un tel personnage.

La conception de Van Nevel s'avère ainsi plus décorative que théâtrale. Les choix d'instrumentation en témoignent : les doublures cordes/flûtes à bec, signature sonore du Huelgas, confèrent une sonorité douce et ouatée à  l'ensemble, mais aussi quelque peu lénifiante à la longue.          


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