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Analyste:
Gaëtan Naulleau
Qui s'étonnera, après avoir écouté ce
récital d'un perfectionnisme peu commun, de trouver le nom du chanteur crédité
avec celui de Markus Heiland pour le montage ? Bejun Mehta ne laisse rien au
hasard, dans une réalisation qui se mesure moins aux standards de ses collègues
contre‑ténors qu'à l'exigence des plus grands Liedersänger. Le
récitatif‑minute placé au début de la cantate de Vivaldi gagne ici autant
d'inflexions et de demi‑mots qu'un lied de Wolf sous l'oeil de Fischer‑Dieskau.
Le jeu de Mehta sur le timing déclamatoire ‑ anticiper, retarder,
effacer, étirer, appuyer la syllabe ‑ est un trésor en soi dans ce concentré
d'images fugaces et de second degré (« Larmes, soupirs et appels à la
miséricorde sont les ruses dune femme inconstante »). Sans compter la coloration
des voyelles, du vibrato, la dynamique, et cette discipline qui vaudra dans tout
l'album : un effet dupliqué est un effet de trop.
Du persiflage galant, Mehta passe directement aux ténèbres, où il plonge corps
et âme. Les premières mesures de l'invraisemblable Lamento (Johann
Christoph Bach) pourraient annoncer une distance: le chanteur y ménage, en fait,
une progression dantesque, où l'Akademie für Alte Musik des grands jours nous
prend aussi à la gorge. Puis notre caméléon, par un enchaînement malin, s'envole
sur un air extatique de Handel. Alors celui qui semblait né pour se flageller
nous tend le plus doux des baumes. Quel contre‑ténor possède aujourd'hui un tel
éventail expressif ?
On lit en filigrane, dans Mi palpita il cor (Handel), l'exemple de son
mentor René Jacobs : dans l'art de creuser les reliefs irréguliers de la phrase,
d'esquiver le point culminant dune vocalise pour mieux la galber; de conduire
une note tenue au bord de l'extinction. Jacobs, lui aussi, savait composer avec
ses atouts comme avec ses limites ‑ Mehta élargit sa palette jusqu'à des sons
ingrats ou des vibratos épais, par petites touches. Le maître avoue volontiers
qu'à ce jeu, son disciple favori l'a dépassé.
Nous l'admirions depuis dix ans à l'opéra, chez Handel, Britten ou George
Benjamin, nous pensions le connaître, et nous le découvrons prodigieux dans le
cadre plus serré des cantates qu'il investit comme des « conversations très
particulières du chanteur avec lui-même, tandis qu'il se débat avec leurs sujets
». Et Bach, ce monde à part où se risquent rarement les bêtes de scène ? En
trouvera-t-il les clefs ? Il en maîtrise génialement les codes dans le premier
air d'Ich habe genug, où
la dialectique de la lassitude, du désarroi et de la
détermination s'articule avec une précision d'horloger. Et l'orchestre, défié
autant que stimulé, lui répond d'égal à égal. Il fallait oser, aussi, un dernier
air (« Je me réjouis de ma mort ») clamé avec autant d'aplomb et de fierté,
comme l'ont fait quelques barytons mais aucun contre-ténor jusqu'ici.
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