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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Denis Morrier Nos falsettistes sont‑ils tous condamnés à endosser les habits des plus illustres castrats du passé ? Après Jaroussky troquant ceux de Carestini (Virgin) pour ceux de Farinelli (Erato), puis Franco Fagioli en Caffarelli (Naïve), voici qu'un nouveau venu incarne Il Siface. Giovanni Francesco Grossi (1653‑1697) était un castrat contralto, applaudi de Rome à Londres pour sa « voix de miel » qui « s'adressait au coeur ». Il est aussi resté célèbre pour avoir été assassiné à cause d'une idylle avec une jeune veuve. Les brèves arie, empruntées à divers auteurs de la fin du Seicento, ont été choisies pour former un pasticcio imaginaire. L'ombre de Siface s'y exprimerait pour « évoquer sa relation amoureuse […] jusqu'à l'épilogue tragique ». La sélection est judicieuse : la délicatesse de l'expression (sublime « Ma nostre voci flebili » de Pasquini), l'élégie et la poésie (« Hora si ch'assai » de Cavalli), la séduction mêlée de pathétisme (touchant « Sorgi o bella » d'Agostini) règnent en maîtresses. Le timbre chaleureux du contre‑ténor, sa diction impeccable, son articulation finement ciselée et l'éventail de ses nuances (jusqu'aux fameux messe di voce, ou sons enflés, souvent acclamés, de Siface) évoquent avec pertinence l'art du castrat (en particulier le poignant « Io per me » de Stradella). En revanche, les rares airs à vocalises manquent de dessin et de brio ( « Voglio guerra » d'Agostini). Une vraie découverte: le jeune ensemble d'instruments anciens espagnol qui souligne, avec une grâce ineffable, chaque intention du chanteur. La transparence et la justesse des cordes, l'invention et la délicatesse des accompagnements du continuo, tout concourt à créer dans chaque aria une atmosphère enveloppante, sensuelle et séduisante, mais aussi une fascinante variété de couleurs (Sinfonia de Pallavicino). Un jeune chanteur et une phalange à suivre. |
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