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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Denis Morrier Qui aurait pu croire que l'orchestre « néoclassique » de Münchinger passerait un jour sous la direction d'un archet « baroque » ? Le résultat est confondant. Le travail d'articulation, de phrasé et d'ornementation, la rythmique et la dynamique creusées par Fabio Biondi n'ont rien à envier à ce qu'il obtient, sur instruments anciens, avec son Europa Galante. La preuve qu'on peut faire de « l'historiquement informé » avec des orchestres modernes, même les plus connotés : Simon Rattle dirigeant la Suite des Boréades de Rameau à la Philharmonie de BerIin nous en avait donné un exemple éblouissant! Les musiciens wurtembergeois défendent un oratorio italien inédit, Saint François de Sales, apôtre du Chablais, créé à Bologne en 1734. Francesco Feo est un compositeur napolitain dont les opéras ont été appréciés tant à Naples qu'à Prague, Madrid ou Venise. Son oratorio évoque l'activité missionnaire du mystique savoisien dans sa région natale, menacée par les calvinistes genevois. Le livret ne revêt pas la forme d'un récit, mais enchaîne des tableaux présentant saint François face à trois personnages allégoriques: Le Mensonge, l'Hérésie et l’Ange. Digne produit de l'école napolitaine, la partition de Feo privilégie mélodies expressives, virtuosité décorative, écriture instrumentale riche et colorée ‑ flûtes, cors et hautbois ont des parties de premier plan (ouverture aux allures de concerto grosso, aria concertante « Sommo Dio, dal ciel discenda », etc.). Fabio Biondi a réuni une distribution de rêve : Delphine Galou incarne avec profondeur et brio un rôle‑titre tout de gravité et de velours, alternant épisodes galants (« Intendi i sensi miei »), pathétiques (« Tu serbi accolto ») et tempétueux (« Tu sei la nube impura »). Le soprano haut perché et éthéré de Monica Piccinini est idéalement associé à la figure de l’Ange, osant de saisissants contrastes expressifs (aux frontières du Sturm und Drang) dans « Serbi l'ardire istesso ». La voix plus corsée de Roberta Mameli et le timbre ténébreux de Luca Titioto viennent judicieusement évoquer les figures néfastes de l'Hérésie et du Mensonge.
Une partition plutôt
conventionnelle qui, sans être un étourdissant chefd'oeuvre, parvient à séduire
tant elle est ardemment et intelligemment défendue ! |
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