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Diapason # 668 (05/2018)
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Decca 4833874



Code-barres / Barcode : 028948338740

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

 

Un cas. Aussi populaire et brillant soit‑il, économe côté orchestre avanta-geux pour les trois solistes et le choeur (minimum d'efforts, maximum d'effet) le Gloria RV 589 attend toujours sa « référence ». Dans le même registre festif, le Magnificat de Bach pose bien d'autres défis à ses interprètes mais connaît, au bas mot, vingt gravures admirables. Pour le Gloria, c'est encore à la lumière très anglaise de Preston (L'Oiseau‑Lyre, 1978) et Parrott (Virgin, 1992) qu'il faut revenir pour apprécier à la fois la pompe et la décontraction pastorale que Vivaldi tresse au fil des douze numéros. Geoffroy Jourdain et ses Cris de Paris n'étaient pas loin de régler la question en 2015, avec un ensemble vocal entièrement féminin (comme Parrott... et Vivaldi). Hélas, leur lecture finement sentie et colorée fléchissait dans le volet le plus intense, l'imprécation Domine Deus, Agnus Dei (Ambronay, c.f. no 649). 

Il échoit dans l'album Decca, au divo Fagioli (« avec la permission de DG»), celui admire trop son nombril pour garder le crucifix dans son champ de vision. Pense‑t‑il vraiment gagner ses quartiers de noblesse dans cette pose empâtée qui aurait déjà paru désuète au temps de Negri et Marriner ? Le pompon arrive avec le Laudamus te en duo (car Fagioli assure également la partie de soprano II), où il se jette sur le premier trille venu comme l'aigle sur le mulot, pour l'agiter frénétiquement. Et dire quoi ? Souligner un mot ? une inflexion, mélodique ? Tendre une phrase ? Il l'agite, voilà tout, sans trop se soucier de sa partenaire. Julia Lezhneva fait celle qui n'a rien vu et tient délicatement sa partie dans ce tableau où Vivaldi peint les ébats, tout en révérences et en jeux de miroir, de deux anges. Diego Fasolis laisse aller.

Chef de choeur autant que de théâtre, il était pourtant l'homme de la situation. Nous le découvrons routinier. Était‑il trop affairé à serrer les vis d'un choeur mal préparé, seulement correct ? Tout cela sent le studio, le compromis, la ligne droite (dont Vivaldi s'accommode mal), parfois le pilote automatique (dans l'austère Propter magnam gloriam tuam, mais aussi le trépidant Domine fili unigenite, terni par des micros qui éloignent trop le choeur).

On guette Lezhneva quand approchent les ondulations béates du Domine Deus, Rex caelestis, qui devraient lui aller comme un gant, mais le charme candide de la soprano n'est pas au rendez‑vous. En fin de disque, les deux premiers airs du motet Nulla in mundo Pax sincera confirmeront des phrasés sans rondeur, des ornementations engoncées, et surtout une émission curieusement assombrie, dont les mots sortent dévitalisés. Il faut attendre un Alleluia irréel, d'une virtuosité de dentellière, pour retrouver l'artiste admirée à tant d'autres occasions.

Au coeur du disque, le Nisi Dominus profite peu des manières arrogantes du contre‑ténor argentin, qui confond accent et convulsion. Accordons‑lui des phrasés quelquefois somptueux, jamais à l'abri de ses tics adorés. L'air de sommeil y perd ses mystères, et le stade de l'autocaricature est allègrement franchi dans l'Amen conclusif.                   

 

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