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Diapason # 668 (05/2018)
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Alpha
ALPHA394



Code-barres / Barcode : 3760014193941

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Étonnant disque, étonnant titre ! « Larmes de résurrection », et non plus cris de joie, ou chants de louange. C'est à la source des textes bibliques qu'il faut saisir la pertinence d'une démarche artistique originale. Simon-Pierre Bestion a fait le pari de « truffer » l'oratorio de Heinrich Schütz (1623) avec neuf motets polyphoniques extraits du recueil Israelsbrünnlein de Johann Schein (idem). De ce dialogue naît une nouvelle oeuvre, riche en clairs obscurs ‑ et donc à distance de l'austérité assumée par Schütz, dans une partition où il s'attache avant tout à « enluminer » le plain‑chant du récit biblique (innovation moderniste à l'époque).

La dramaturgie raffinée qui s'articule dans tout l'album relie les tableaux de la Résurrection aux souvenirs de l'Ancien Testament. Aux larmes de reconnaissance du patriarche Jacob avec son fils Joseph (« Da Jakob vollendet hatte ») répondent celles de Marie‑Madeleine, devant le tom­beau ouvert du Christ (« Jesus er­scheint der Maria Magdalena »). Le cri de victoire, mis en scène (en perspective) dans le double choeur final de Schütz, apaise les lamentations psalmiques des madrigaux de Schein. Simon‑Pierre Bestion n'hésite pas non plus à retoucher l'instrumentation : aux quatre violes et au continuo qui faisaient de Schütz un novateur, il ajoute encore (par petites doses) deux violons, deux cornets et deux trombones. Il n'est pas sûr que les puristes lui en fassent grief, car l'intention musicale est bien de relever le mysticisme brûlant de la partition originale. Ces retouches viennent rehausser, sans la voiler, la projection du mot.

Versant Schein, les six madrigalistes mettent en valeur non seulement le raffinement sophistiqué des lignes musicales, mais aussi la puissance émotionnelle du verbe comme dans les chromatismes insistants du  "weinet über ihn"  de « Da Jakob vollendet hatte » (c'est l'avant‑dernière phrase, après laquelle la harpe fait son entrée sous les voix : anachronique, mais divin).

Reste le choix du récitant, un chantre libanais dont la prononciation allemande peut exaspérer, et dont les mélismes orientaux n'ont sans doute pas grand‑chose à voir avec les usages du plain‑chant à Dresde en 1623. L’idée d'un retour aux sources vives de I'oraison chantée est intéressante... mais inutile si on garde en tête l'ardeur de Christoph Prégardien (chez Bernius, Sony, Diapason d'or) ou Benoît Haller (K 617, idem).

Un ensemble allemand aurait‑il imaginé un projet si éloigné de l'univers luthérien propre aux deux compositeurs ? La Tempête l'assume brillamment, avec une sensibilité galvanisant chaque musicien. La diversité des styles et des couleurs flatte l'oreille sans jamais peser sur cette monumentale tresse de larmes et d'espoir.

Sylvain Gasser

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