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Appréciation d'ensemble:
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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Gäetan Naulleau Brice Sailly, alternant solos et pièces chambristes, suit à la lettre le conseil inscrit sur la première plage ‑ air simple et divin. Passé le Tic‑Toc‑Choc et son entêtant tintement, l'art de la plainte et les flottements de la mélancolie laisseront peu de place aux mouvements rapides et aux joies franches. Plage 3 déjà, Les Ombres errantes apportent leurs nuages épais sur le bosquet de Lisette. Sailly exalte (rubato aventureux mais dominé, toucher d'une variété peu commune) tout ce que cette page du dernier Couperin a d'amer, d'obsédant, de désabusé. Lisette abandonnée ? Ce programme fait écho à l'album merveilleux d'Aline Zylberajch avec Le Parlement de Musique en 2002, les airs en plus. Au temps de Couperin, piocher de‑ci de‑là différentes pièces était aussi naturel qu'égrener un ordre entier, ne l'oublions pas. Mais le programme de Zylberajch, comme le panaché de Pierre Hantaï en solo, articule finement des contrastes et des ruptures, que Sailly néglige ‑ par l'agencement des pièces mais aussi par certaines options. C'est déjà (plage 5) la Grande Ritournelle du Concert dans le goût théâtral, qui manque de mordant pour relancer l'attention après un Affectueusement; ce sera plus tard, en solo, une Adolescente sans candeur, trop soucieuse du beau plissé de robe pour danser ‑ et donc trancher avec L'Enfantine, dans la galerie des Petits âges. La Forlane des Concerts royaux arrive à point nommé... et cherche son élan. L'énergie franche dont elle aurait besoin rayonne un peu plus loin, dans ce même registre pseudo‑rustique: Emmanuelle de Negri dévore chaque strophe et chaque accent d'Il faut aimer dès qu'on sait plaire. Une gageure: un régal sur une des musiques les plus anecdotiques de Couperin (et quel pauvre texte). L'anxiété de Qu'on ne me dise plus, l'extase simple de Doux liens de mon coeur ne réussissent pas moins à la soprano ‑ port aussi noble qu'en 2011 dans l'habit de Sangaride (Atys) à l'Opéra‑Comique. Les diminutions que Couperin cisèle et renouvelle à chaque strophe de la brunette Zéphire, modère en ces lieux tombent sans un pli sur cette parole radieuse (hélas voilée par une acoustique hors sujet). Les airs de Couperin étant depuis toujours les grands oubliés du disque (les plus substantiels figurent bien ici), c'est pour eux avant tout que l'album s'impose. Et pour succomber ensuite, mais à petite dose, aux langueurs du poète Sailly, sur le magnifique instrument d'après Antoine Vatter (1732) que lui a construit Emile Jobin. La Petite pince‑sans‑rire, perle d'ambiguïté sous tes mains, et sa Reine des coeurs tendent la main aux belles écouteuses de Watteau. |
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