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Diapason # 666 (04/2018)
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Decca 4833235



Code-barres / Barcode : 28948338795

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean-Philippe Grosperrin

 

Une page d'exercices, toujours la même, pendant six ans : la légende de ce Porpora maître de chant du castrat Caffarelli est aujourd’hui éclipsée par l'oeuvre tangible du compositeur ‑ économie confondante de la variété, subtilité des climats expressifs, fusion de la technique dans une dignité touchante. Dans le sein de Naples aussi, on savait cacher l’art par l’art même. Max Emanuel Cencic, dont la voix aux coloris pleins, inimitables, s’épanouit plus librement que dans le récent Germanico in Germania (cf nº 666), est absolument l’homme qu’il fallait à cet hommage surplombant la carrière de Porpora entre la péninsule, Londres et Dresde (l726‑1747).


Pas d’ornementation exubérante (c'est un choix) et une rondeur qui fait perdre parfois la netteté des mots, mais la pertinence du ton n'a guère de rivales parmi les contre‑ténors actueIs, par la manière ferme et déliée de soutenir la phrase, et plus encore par une noble fierté (pour parIer comme chez Racine) qui dissipe l’impression pénible, ailleurs, d’excitations en basse-cour. L’héroïsme offensif des airs d’Ezio, ou de Poro dédaigne la trépidation pour trouver une majesté d'emblème, rien de simplement joli dans la sensualité pastorale, profondément méditative, du Filandro dresdois (« Ove l’erbetta », un des sept inédits dit disque).


Le programme évitant le tube « Alto Giove » et les airs pour Farinelli rassemblés par Philippe Jaroussky (cf nº 617), captive d’un bout à l'autre, couronné par la prière merveilleuse de Thésée à Neptune (Ariana in Nasso). Mais on retient surtout les jeux de la lumière et de la morbidité dans le Turnus du Trionfo di Camilla (1740) et les airs de Lothaire dans Carlo in Calvo (Rome 1738), au premier rang desquels la longue métaphore végétale de « Quando s’oscura » qui ouvre en soi un monde de distinction ambiguë et donnerait envie de nommer Porpora « le poète », comme Berlioz faisait de Gluck.

Or l’orchestre de George Petrou est justement partie prenante de la réussite, non pas accompagnateur, mais acteur du corps organique de ces airs, avec une acuité et une imagination sensationnelle, en accord avec l’esprit du chanteur : triomphe sensitif de la cosa mentale.

La finesse vivante des courbes, du friselis des cordes, ne sacrifie pas l’assise du grave ni surtout une respiration qui enveloppe et porte la voix. L’air de tempête du Filandro offre un exemple magistral de l’art d’intégrer les accidents (rythme, timbre) à l’équilibre unitaire de l’ensemble. La comparaison de « Torbido intorno al core » avec l’interprétation de Franco Fagioli et Alessandro De Marchi (Naïve, cf nº 630) ne fait que rehausser ici une poésie d’insinuation anxieuse, qui libère et contrôle ses effets avec son dessin. Un disque magnifique, destiné à rejoindre les grands classiques dans ce répertoire.


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