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Diapason # 668 (05 /2018)
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Supraphon
SU42392



Code-barres / Barcode : 99925423957

Appréciation d'ensemble:

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Analyste:  Gaëtan Naulleau

Hautbois avec clefs, basson aérien, sans une once de gras, les trois sortis des ateliers Buffet-Crampon. Mais instrumentistes « historique-ment informés », et à la meilleure école: Reinhard Goebel assurait la supervision artistique de l'album, dans le même esprit qu'il gravait récemment à Berlin les six Brandebourgeois... remontés au la 440 (cf. no 666). S'il a renoncé depuis dix ans à son violon et son orchestre, il s'est fait une mission de transmettre aux « modernes » les fruits de son expérience. 

Sa notice est un modèle d'érudition exaltée. « Totalement fou », ce Zelenka qu'il rapproche de Beethoven (« mais l'art n'est pas l'affirmation des plaisirs de la normalité »). « Désastreux », l'état psychique qui lui a interdit, à la cour de Dresde, le poste suprême qu'il méritait. «Impressionnantes, singulières, bizarres», les six sonates pour deux hautbois, basson et continuo du début des années 1720, dont la débauche de contrepoint reflète les années d'études passées à Vienne auprès de Fux. « Ce qui est exceptionnel ici, c'est que Zelenka ne s'adresse pas à l'auditoire avec une accroche flatteuse, comme le faisait encore Bach, mais clame fièrement à l'auditeur : "à vous de venir vers MOI, et non à moi d'aller vers VOUS." » 

Un chemin que nous faisons sans effort grâce à Dominik Wollenweber (cor anglais des Berliner Philharmoniker), Vilem Verveka, Mor Biron (basson, autre Philharmoniker) et aux deux continuistes. Les prodiges d'endurance des trois souffleurs se font oublier tant le discours se renouvelle. Du mentor Goebel, ils ont assimilé bien mieux qu'un «style»: l'aisance que procure une structure rhétorique impeccablement ajustée. Le jeu des directions et des tensions est si solide qu'ils peuvent savourer sans s'égarer les moments de flottement (adagios, notamment), d'incertitude (Allegro de la Sonate IV), de babil capricieux (finale de l'ultime sonate). Le clavecin et la contrebasse éclairent également la forme, sans peser sur la texture. 

Magnifique, mais un peu tard. Il y a deux ans, nous aurions sabré le champagne en recevant une lecture plus élaborée que celle, pourtant parfaite en soi, de Zefiro (Arcana, 1995). Mais Vaclav Luks et son Collegium 1704 sont entrés en scène entre-temps (Accent, Diapason d'or), un peu moins transcendants côtés hautbois que leurs rivaux modernes, mais grisants par leur profondeur de timbres, par l'ancrage terrien d'un continuo encore plus diversifié, par la trogne d'un basson qui crève l'écran. Départager, à ce niveau d'excellence, est purement subjectif, avouons-le.

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