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Classica # 201 (04/2018)
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RIC385



Code-barres / Barcode : 5400439003859 (ID633)

Appréciation d'ensemble:

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Analyste:   Jérémie Bigorie

IDYLLES BAROQUES

La luxuriance des instruments de Scherzi Musicali se marie avec bonheur à la justesse des solistes dans ces dialogues amoureux.

 Après un premier opus consacré aux motets, l'ensemble Scherzi Musicali explore à présent le versant profane de Giovanni Felice Sances, connu pour son rôle important dans la diffusion de la musique dramatique italienne à la cour de Vienne où il fut nommé Kapellmeister en 1669. Datant de la période vénitienne du Romain dédiée exclusivement au répertoire profane, les airs choisis s'inscrivent « dans la tradition des livres de madrigaux qu'ont initiée les compositeurs floren­tins dès 1600 ». Déclinés en lamento, aria, canzonetta ou dialoghi amorosi, ils parlent d'amour, souvent vécu de manière douloureuse, bien que, comme le précise Nicolas Achten dans la notice, « il fait tout de même parfois bon vivre dans le royaume du petit Cupidon ». D'autant que l'instrumentarium ici réuni brille par sa luxuriance et son hédonisme sonore, parfaitement assorti à la sensualité de l'écriture vocale: aux traditionnels clavecin, orgue et archiluth se joignent triple harpe, chitarrone, guitare et épinette.

FANTAISIE ET EXPRESSIVITÉ

Si le narrateur (appelé « Testo », comme dans le Combattimento di Tancredi e Clorinda de Monteverdi) s'exprime au moyen d'une certaine rusticité d'apparat proche du recitar cantando, les nymphes, bergères et leurs équivalents masculins tressent guirlandes et festons avec une fantaisie délicieuse. Nos trois chanteurs possèdent le style ad hoc (diminutions, expressivité; spontanéité des affects) et sont chez eux dans la persistance inéluctable du rythme ternaire qui noue ces jeux subtils d'un lien caressant ou malicieux. Une mention spéciale pour le timbre virginal de la soprano Hanna AI‑Bender et pour les climats envoûtants délivrés par le lirone et la basse de viole dans « Pietosi, allontanaveti » et « Già dell' horrido Mostro »: tels le fond noir chez Goya ou le fond or dans les mosaïques byzantines, ils suggèrent la surréalité. Intermède instrumental irrésistible avec la Sonata sopra l’Aria di Ruggiero de Salomone Rossi, jouée uniquement sur cordes pincées, où affleure le spectre des futurs concertos pour mandoline(s) de Vivaldi.

 

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