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Diapason # 665 (02/2018)
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Harmonia Mundi
HMM905286



Code-barres / Barcode : 3149020528624

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Ramin
 

Fruit d’un long travail sur les deux Forqueray (père et fils), ce coffret sans équivalent, augmenté des hommages composés par leurs contemporains et d’une biographie mise en musique, est un voyage à travers le temps. Michèle Dévérité et Kaori Uemura zigzaguent entre les deux publications jumelles de 1747 (l’une pour viole, l’autre présentant à quelques exceptions près les mêmes pièces pour clavecin), et leur adjoignent les quelques oeuvres d’Antoine pour trois violes et pour viole seule. Tout y est. Les barbares rapports familiaux (un fils écrasé et harcelé par un père jaloux), ou au contraire féconds (la seconde femme de Jean-Baptiste, virtuose du clavecin, a sans doute aidé à la mise en forme du recueil de 1747) font souffler un parfum de soufre et de romanesque sur ces pages. Antoine est-il vraiment l’auteur du Livre (posthume) de 1747 ? Le fils aurait-il profité de la célébrité du père pour diffuser sa propre musique sous son nom ? Le mystère reste entier. Michèle Dévérité utilise trois clavecins (deux français et un allemand) dont la beauté et la qualité de l’harmonisation sont exceptionnelles. Des tempos inhabituels (La Régente, La Du Breüil) profitent à l’art du chant autant qu’à la dimension orchestrale de l’écriture. Les indications d’interprétation parfois scrupuleuses (dues probablement à l’épouse claveciniste de Jean-Baptiste) ont inspiré un travail subtil : décalages et rubato (présents dans la graphie) sont totalement intégrés à l’expression, et ne sonnent pas comme autant de bizarreries expérimentales. Cette osmose entre la pensée du compositeur et l’interprète se trouve prolongée dans les transcriptions pour deux clavecins des pièces à trois violes – somptueuses et d’une suprême élégance.

Du côté des nombreux hommages, les rares sonates pour violon de Clément se distinguent par une écriture visionnaire, et les riches harmonies des pièces contemporaines de Bondue et Braye-Weppe font vibrer le bel instrument d’inspiration allemande. Le dernier disque, manière de biographie déclamée sur fond sonore, vous a un petit côté « Simone Valère et Jean Desailly racontent Mozart », pas désagréable.

La personnalité généreuse et profonde de Michèle Dévérité ne néglige aucune facette de ce répertoire passionnant, et porte l’art de l’évocation aussi haut que les belles propositions de Blandine Rannou et Michael Borgstede. Et la viole de Kaori Uemura excelle dans l’intime autant que le flamboyant (La Morangis, Jupiter). Mieux qu’une somme : une aventure musicale.


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