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Diapason # 665 (02/2018)
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CPO 5551352
  


Code-barres / Barcode : 761203513529

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

Ces dernières années ont été fastes pour Agostino Steffani. Cecilia Bartoli lui rendait, avec un large bouquet d’airs, sa place de choix dans l’histoire de l’opéra – chaînon manquant entre la génération de Cavalli et le premier Handel. Diego Fasolis, partenaire de cette « Mission », fêtait parallèlement le Steffani polyphoniste du Stabat Mater, et gravait des Suites d’orchestre partagées entre les codes lullistes et un sens épatant de l’image croquée en quelques notes. Venue de Boston, une intégrale de Niobé prolongeait le foisonnement musical du programme de Bartoli, avec un plateau couronné par Philippe Jaroussky et Karina Gauvin.

Il faut chercher la pointe de cette corne d’abondance dans la biographie de Colin Timms (2003), qui a réalisé un travail de titan pour englober la trajectoire d’un esprit savant et curieux de tout, sillonnant l’Europe (Venise, Munich, Rome, Paris, Hanovre, Bruxelles, Düsseldorf, Heidelberg, Francfort-sur-le-Main) à la fois en compositeur et en diplomate aguerri. Espion, disait la rumeur : Timms confirme (et Donna Leon en profite pour glisser Steffani dans son polar Les Joyaux du paradis). Quatre albums brillants, et pourtant la pièce centrale manquait toujours au puzzle. Car c’est avant tout par ses innombrables duetti, qui ont largement essaimé, à la façon des sonates de Corelli à la même époque, que les mélomanes de l’Europe entière ont découvert et adoré Steffani. Nous trouvons aujourd’hui dans ces minicantates, qui ne dépassent jamais les dix minutes, un catalogue d’échanges amoureux, ludiques, flatteurs pour les voix, économes côté instruments (continuo seul). Les contemporains de Steffani y prisaient aussi un objet d’étude : les pédagogues conseillaient d’y observer toutes les tournures d’un contrepoint où deux lignes s’apostrophent, s’enlacent, se pâment en dissonances ou se défient en vocalises, se « chauffent » dans la surenchère doloriste…

Une idée (un affect) par section, et une seule, parfaitement croquée dès ses premières notes, nuancée à l’envi. Cet art du développement greffé sur les lieux communs du duel galant avait inspiré déjà un disque splendide à Rossana Bertini et Claudio Cavina (soprano et contre-ténor, donc sans doublon avec les nouveaux venus). L’album CPO a le double avantage de varier les couples au fil de sept duetti contrastés (jalousie, assauts amoureux, mort d’amour sous les flammes des yeux ingrats, chaînes douloureuses mais adorées), et de réunir quatre chanteurs absolument splendides. Leur aisance, leur apparente spontanéité dans ce théâtre du désir nous rappellent que trois d’entre eux brillaient déjà dans la Niobé de 2013. Et leur ardeur répond à un continuo fourni et moteur, toujours actif. Un peu trop, à notre goût. Mais devons-nous regretter que l’accentuation vive du luth et de la guitare ajoutés au clavecin et au violoncelle fatigue parfois l’oreille en aiguisant le moindre contretemps (les raffinements de textures et d’harmonies que Cremonesi déployait derrière Bertini et Cavina gagnaient plus de variété) ? Ou apprécier qu’ils stimulent, chez les chanteurs, la gourmandise rhétorique qui nous régale en retour ?

 Des sopranos, du ténor et de la basse, nous n’osons pas applaudir un nom – ce serait faire injustice aux trois autres. Qu’on se le dise, enfin, Steffani réussit à ceux qui le servent avec générosité. Quatre Diapason d’or sur cinq parutions : un bon placement.


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