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Diapason # 665 (02/2018)
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Aparté
AP164


Code-barres / Barcode : 3149028128239

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean-Philippe Grosperrin
 

Deuxième « tragédie en musique » de Lully, mais la première à plus d’un titre, grâce aussi à son poète Quinault : accommodation du vénérable sujet tragique à la variété inlassable d’un grand spectacle de cour, balance exquise entre la grandeur et les finesses d’ironie, intégration des choeurs à une dramaturgie inventive. L’admiration de Jean-Claude Malgoire pour le génie d’Alceste en faisait jusqu’ici le seul champion au disque : à son essai de 1975 avec Felicity Palmer et Bruce Brewer (Columbia) succéda un enregistrement sur le vif (partition intégrale) à l’occasion de la mise en scène séduisante de Jean-Louis Martinoty au Théâtre des Champs-Elysées en 1992 (Astrée).

Conduisant un choeur expert de part en part (merci à lui) et des Talens Lyriques dont la précision et la cohésion l’emportent sur l’orchestre de 1992, Christophe Rousset confirme dès une Ouverture impérieuse sa manière compassée : cordeau et gantelet. Il en résulte de la tension et de la grandeur, de la diligence dans les danses, également une continuité de dessin dont profitent le prologue et les deux premiers actes. Mais les couleurs, la respiration, les inflexions, le sens poétique des climats qu’offrait Malgoire cèdent ici à une solennité univoque et au refus obstiné de s’attarder sur un tour ou un détour. En avant donc : la marche guerrière du II est en deuil du jeu voluptueux de Jordi Savall (« L’Orchestre du Roi Soleil », Alia Vox), la fête infernale du V se déroule tambour battant, sans mystère, et au dénouement, l’euphorie est remplacée par un éclat froid. L’esprit de sérieux commande : on ne sauve donc pas les aboiements choraux de Cerbère que Lully s’était résigné à supprimer. Mais les lacunes dans telle ou telle source de la partition justifient-elles d’estropier la Pompe funèbre, ce noyau superbement construit de tout l’opéra ? Manquent le choeur inaugural, le dialogue  de la Femme affligée et de l’Homme désolé, la strophe même qui modélise le sacrifice ! Le flou métrique (« Rendons hommage »), l’ajout de roulements de tonnerre et le solo chichiteux de Lucia Martin Carton, déjà embarrassée par les mots en Nymphe de la Seine, n’arrangent rien : retour à la version Malgoire, au grand ton de Véronique Gens.

Distribution de choix, au reste, mais s’il faut saluer le soutien général du récitatif, il y aurait à dire sur les flottements de la déclamation (« h » aspiré, apocopes sarkoziennes des « e » dits improprement muets). Parfaite en Gloire du prologue, Judith Van Wanroij paraît un peu extérieure au rôle-titre : si son Admète a de la chair, de l’ombre, de l’emphase, le couple royal remplit son contrat de théâtre – de même un Alcide digne – sans forcément rendre justice à la beauté sensible de cette langue (duo du V). Couronnons alors, dans leurs rôles cumulés, Ambroisine Bré (timbre corsé, justesse du caractère, plastique, éloquence, bravo) et le caméléon Enguerrand de Hys, qui varie l’émission pour incarner dans une langue toujours nette des figures aussi dissemblables que Lychas, Apollon ou le vieux roi – plus un merveilleux duo de tritons avec Emiliano Gonzalez Toro. Charon navigue difficilement par la bouche de Douglas Williams, mais Bénédicte Tauran sait donner poids et courbe à ses  intermittences. Voilà donc le complément bienvenu à l’intégrale Malgoire : ce n’est pas trop pour « la charmante Alceste ».


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