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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Xavier
Bisaro Rameau à l'orgue ? Une évidence si l'on se rappelle les décennies durant lesquelles le compositeur fut attaché à plusieurs tribunes en province comme à Paris. Mais un mystère. Aucune partition ne porte trace de cette activité. La transcription est donc le seul moyen pour imaginer Rameau à sa console, ce que comprit Balbastre qui, en 1768, mêla l'orgue et l'orchestre du Concert Spirituel pour une « Suite de symphonies » du musicien récemment disparu. Plus proche de nous, Yves Rechsteiner transposa brillamment plusieurs fragments d'opéras à l'orgue seul (Diapason d'or, cf. no 579) en mêlant habilement adaptation et « agrandissement » des oeuvres originales à la manière de Rameau. Ce procédé est ici poussé un cran plus haut en adjoignant à l'orgue de Souvigny ‑ fascinant et pourtant peu enregistré ‑ les cordes de l'ensemble Les Surprises. Trois concertos « de Rameau » autant que « de Rechsteiner » (l'ambiguïté mériterait d'être plus franchement abordée dans la plaquette d'accompagnement) alternent avec des Suites de pièces empruntées à Rebel et Francoeur. En dépit de la configuration des lieux, le dialogue de l'orgue et des instruments est réussi. La rencontre fait naître de séduisantes combinaisons de timbres. La synchronisation est irréprochable, y compris au moment des prises de liberté du soliste. Ce dernier confirme les qualités déjà saluées dans ces colonnes. Une nouvelle fois, Rechsteiner parvient à conjuguer éloquence et virtuosité au fil «d'un redoutable exercice d'équilibriste. D'où vient alors que l'enthousiasme provoqué par le précédent opus ne renaisse pas à l'écoute de celui‑ci ? Outre que l'effet de surprise ne joue plus, la référence au Concert Spirituel paraît factice en présence d'un groupe orchestral limité à une dizaine de cordes, plongées dans une acoustique de cathédrale vide. Sans parler du contraste entre une prise de liberté totale au regard du matériau initial (la musique de Rameau « customisée » jusqu'à sortir du cadre de son style) et un ton général quelque peu corseté. Ne serait‑on finalement pas plus proche du sérieux victorien avec lequel Guilmant et d'autres paraphrasaient les oeuvres « anciennes » à la fin du XIXe siècle ? |
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