Texte paru dans: / Appeared in:
*

Diapason # 629 (11/2014)
Pour s'abonner / Subscription information


Sony 88843082572



Code-barres / Barcode: 0888430825727

Consultez toutes les évaluations recensées pour ce cd ~~~~ Reach all the evaluations located for this CD

Appréciation d'ensemble:

Analyste: Ivan A. Alexandre

Rameau est à tout le monde. Entre Scott Ross, John Eliot Gardiner, Sigiswald Kuijken, Frans Brüggen et William Christie, il fut d'ailleurs longtemps à nos amis plutôt qu'à nous‑mêmes et grand bien lui fit. Il y a quelques mois encore, une Suite de Zoroastre enregistrée au Venezuela par les solistes de l'Orchestre Simon Bolivar nous remplissait à la fois d'allégresse et de gratitude (cf. no 613, p. 52).

Changeons d'angle. Partons aussi loin mais vers l'est, dans les steppes de l’Asie centrale, à Novossibirsk. On ne présente plus Teodor Currentzis, chef, compositeur, acteur et animateur grec qui fondait en 2004 l'un des ensembles polyvalents les plus originaux de la Russie postmoderne. Où leur Rameau ressemble à leur Purcell, à leur Mozart et à leur Chostakovitch: âpre, féroce, irrespirable, d'une singularité absolue. Les Ouvertures (Zoroastre, Naïs) jettent leurs accords à la façon d'un Pollock violoniste, les tambourins guerroient, les gavottes craquent, les airs tendres se décomposent comme des cellules sous la lentille du microscope. Ne devinez‑vous pas Mahler et son Adaqietto derrière cette Polymnie des Boréades sans phrasé, sans inégalité, pleine de rubato, de crescendo, de stringendo ? Il y a en tout cas de l'lm Abendrot (Richard Strauss au crépuscule) dans l'accompagnement de « Tristes apprêts ».

Quoi qu'il entende, Teodor Currentzis voit. Vision... voyante. Démonstrative jusqu'au délire, hermétique à tout mouvement, à toute danse.

Ce déluge d'effets sans cause pourra lasser. L’orchestre n'est ni grand ni beau, et ne possède pas l'instinct généreux du Simon Bolivar. Quant à la soprano biélorusse Nadine Koutcher, sa parodie gore de Jennifer Smith dans l'air de la Folie (Platée) manque un peu de verbe et de souffle. Reste une question, la seule question. Un penchant si manifeste pour le coup de balai est‑il réjouissant ou désespérant ? Plus que des goûts, cela dépendra des jours. Désespérant et réjouissant : vous n'allez pas vous ennuyer.

Fermer la fenêtre/Close window

 

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews