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Diapason # 629 (11/2014)
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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Denis Morrier

Vénitien mais vice‑maître de la chapelle im­périale à Vienne, Caldara est chargé de composer chaque année un grand opera seria pour la fête de l'empereur et l'anniversaire de l'impératrice, et des oeuvres de moindre ampleur pour chaque anniversaire de l'empereur et la fête de l'impératrice.

Le 19 novembre 1723, jour de la Sainte­ Elisabeth, un nouvel « applausus musicus » résonnait donc au château de Znaim (aujourd'hui Znojmo). Dans ce bref opéra allégorique, le livret de Pietro Pariati articulait une joute verbale entre les sept dieux de l'Olympe. Débat primordial: l'impératrice peut­elle être accueillie dans leur cercle céleste ? Les réserves successivement émises par Vénus, Diane, Apollon et Mars sont vite balayées par Jupiter, qui érige Elisabeth en garante de la « concorde des planètes ».
Au‑delà du théâtre des conventions, ce fastueux divertissement de cour est un éblouissement. Caldara traite avec une virtuosité étourdissante l'alternance de récitatifs et d'airs. Chaque dieu ayant sa propre caractérisation, les airs reposent sur des orchestrations riches et hautes en couleur, émaillées de nombreuses répliques concertantes. Ce feu d'artifice exigeait un plateau, un orchestre et un chef d'une solidité et d'une inventivité à toute épreuve. Quel plateau, justement ! Dominé par la sensuaIité androgyne de la contralto Delphine Galou. Impressionnante de précision jusque dans l'ornementation la plus profuse, elle sait être profondément émouvante, comme dans la somptueuse aria « Non si turba », ou encore dans l'obsédante « Ad Elisa ancor d'intorno». A ses côtés, brillent la Diana aérienne de Veronica Cangemi et le Mercurio de Daniel Behle, athlète et danseur à la fois. Si le timbre de Carlos Mena séduit un peu moins qu'hier, il ne manque pas de vaillance dans son aria avec trompette. Enfin, Franco Fagioli part au quart de tour dans ses habituelles démonstrations pyrotechniques (« Questo di così giocondo »), usant sans retenue d'une surarticulation « glougloutante » qui peut aussi bien ravir qu’irriter, question de goûts.

Il faut saluer surtout le travail d’Andrea Marcon. Enregistrée sur le vif, la somptueuse phalange bâloise répond au doigt et à l'oeil à la moindre sollicitation de son chef; la précision de l'articulation, brillante et malléable, la justesse de l'intonation témoignent d'une préparation parfaite. L'ardente Cetra se pose en véritable acteur, quitte d'ailleurs à parfois prendre le dessus sur quelques chanteurs légèrement dépassés par les tempos vifs. Splendide révélation.
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